Le marché de gros des fruits et légumes, situé sur la commune de Sayada, a subi de plein fouet l'absence de marchands livreurs en provenance du centre du pays durant la fête religieuse de l'Aïd qui a coïncidé avec le week-end. En effet, les principaux fournisseurs en fruits et légumes, qui l'approvisionnaient régulièrement à partir des villes du Centre et de l'Est, auront pris l'initiative de ne pas se déplacer, privant ainsi toute la région de quantités importantes de bananes, raisins, dattes, pomme de terre et maraîchages. La tension se fera sentir dès jeudi, avec à la clé une diminution sensible de l'offre qui se répercutera très rapidement sur les prix à la consommation. Dès 10 heures du matin, les étalages des commerçants, d'habitude fortement achalandés, y compris par des fruits d'importation, apparaîtront sous un visage de désolation. Seules les tomates, le concombre et les salades, produits localement, étaient suffisamment disponibles. Ce seront surtout les fruits d'importation comme les bananes et les pommes ainsi que le raisin en provenance du centre du pays qui disparaîtront les premiers. Mais les consommateurs qui venaient de boucler péniblement le mois de jeûne avec les incontournables achats de vêtements et autres intrants de pâtisserie orientale, ne s'attendaient sans doute pas à autant d'indigence. Se rabattant sur n'importe quoi, ils finiront par se résigner à acheter des boissons gazeuses en guise de dessert. Car n'ayant pu faire leurs courses, beaucoup de commerçants finiront par baisser rideaux, au grand désappointement des citoyens. Même le lait en sachets et celui cru se feront de plus en plus rares, obligeant l'achat de lait « UHT », dit de longue conservation, entre 65 et 70 DA le pack d'un litre. Quelques heures avant la prière du vendredi, peu de magasins parvenaient à maintenir un service minimum. En effet, hormis les épiceries fines du centre-ville et quelques boulangeries qui auront assuré jusqu'au dernier jour la production d'un pain de qualité, les autres commerces n'auront aucune peine à épuiser leurs stocks. Y compris en vendant de la tomate à 80 DA, de la pomme de terre à 70 DA, du raisin à 150 DA, des pommes d'importation à plus de 200 DA et de la courgette d'arrière saison à 80 DA. Les rares marchands ambulants de figues fraîches dont c'est la pleine saison ne se gêneront pas pour augmenter de 25% leur prix, faisant passer le Kg de 100 à 120 DA. Y compris jusqu'à ses derniers instants, ce mois de jeûne n'aura pas été tendre avec les bourses.