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Scot Atran. Anthropologue et psychologue, université du Michigan, spécialiste du phénomène kamikaze
« Al Qaïda est devenue maintenant une sorte de logo »
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2007

Vous êtes anthropologue et psychologue à l'université du Michigan et vous avez à votre actif de nombreux travaux sur le phénomène kamikaze dans le monde arabo-musulman, des travaux très appréciés par vos pairs et cités comme référence. Peut-on savoir d'abord quelle est la raison (subjective ou objective) qui vous a conduit à vous intéresser de près à l'attentat suicide ?
Je suis un scientifique que les questions d'évolution et d'étude scientifique de la religion intéressent. Les auteurs d'attentats suicide vont à l'encontre de la logique évolutionniste consistant à survivre et à se reproduire. Le terrorisme par le suicide est un phénomène de groupe. C'est une dynamique de groupe, de petits groupes d'amis, de voisins, qui partagent la même cause et réagissent en conséquence. C'est ce qui m'intéresse à explorer ce thème de recherche. Depuis les attentats suicide du 11 avril 2007 à Alger contre le Palais du gouvernement (suivis par d'autres attentats kamikazes contre des casernes de l'armée, des commissariats), le terrorisme islamiste en Algérie donne l'impression d'avoir changé radicalement de modus-operandi en adoptant ce type d'opération... La médiatisation est incontestablement l'oxygène du terrorisme. L'attentat suicide qui est une technique d'Al Qaïda (presque aussi populaire que Hamas) est encore tout nouveau et spectaculaire en Algérie, pour générer une médiatisation au profit d'un mouvement affaibli en Algérie. Le GSPC veut braquer les lumières sur lui, attirer l'attention, en s'identifiant à Al Qaïda, et ce, pour attirer de nouveaux djihadistes. Ben Laden est perçu comme un héros, une icône populaire, tout comme Zidane ou Terminator. L'affiliation à Al Qaïda sert à attirer les jeunes qui sont à la recherche du héros, c'est tout semblable avec ce que ferait une star de foot avec une marque de chaussures, de chapeaux ou de montres.
A quoi, selon vous, est dû ce changement et d'où s'inspirent les groupes terroristes ? Quel est le but recherché et quel est le soubassement religieux ou idéologique ?
Le but de l'Islam militant est de se faire justice contre les présumées attaques dont sont victimes les musulmans à travers le monde et en Algérie en particulier. En s'alliant avec Al Qaïda, les mouvements algériens recherchent un éveil politique plus large, plus transnational, orienté vers les médias. L'attractivité psychologique de l'action militante augmente d'une façon significative. Les jeunes qui sont marginalisés dans leur société cherchent un rêve, un idéal à concrétiser. Et les notions de sacrifice ou de justice sont psychologiquement séduisantes. Mais ceci n'est pas suffisant. Des millions d'individus sympathisent avec cette cause, mais peu d'entre eux arrivent à commettre des violences. Ceux qui le font sont généralement des amis ou des membres de la famille ou des gens du même quartier, milieu du travail ou du club de foot. Je crois personnellement que l'Islam militant est sans espoir, comme toutes les autres idéologies utopistes. Ce genre d'idéologies est à l'origine de la plupart des tueries de ces 100 dernières années. Tous les « ismes » : colonialisme, anarchisme, socialisme, communisme, national socialisme, fascisme, libérales démocraties. Ceux qui sont tués le sont pour soi-disant être sauvés. Ou parce qu'ils empêchent les autres d'être sauvés. Le monde est divisé en bien et en mal. Le mal c'est ceux qui ne veulent pas être sauvés. Toujours dans ce type de cas, les perceptions de menaces et d'attaques sur la communauté sont énormément exagérées. Et les gens diabolisés. Cela permet aux démons en nous d'être libérés et de produire les cruautés les plus barbares. Mais ceci ne s'applique pas uniquement aux djihadistes : les soldats américains font la même chose en Irak, sans que cela ne soit justifié par une quelconque cause ou idéologie contrairement au comportement des soldats japonais durant la Seconde Guerre mondiale.
Croyez-vous en l'affiliation du GSPC à Al Qaïda ? Si c'est le cas, quels sont les risques réels ou présumés pour l'Algérie, la région d'Afrique du Nord et l'Europe ?
Al Qaïda n'existait comme entité opérationnelle qu'à partir de l'attaque de Djerba (Tunisie) en 2002. Ensuite, la plupart des chefs d'Al Qaïda sont morts ou capturés. Ceux qui ont subsisté ne connaissent pas les nouveaux terroristes et ne peuvent pas réellement rentrer en contact avec eux. Al Qaïda était, dans le passé, semblable à une ONG, une organisation non-gouvernementale, qui fournit de l'argent, une sorte d'agence de subvention. Les gens pouvaient venir voir Abu Hafs, Zawahiri ou Ben Laden avec des projets et les chefs d'Al Qaïda décidaient lequel d'entre eux doit bénéficier de fonds (les derniers a avoir été réellement financés de cette manière furent les attentat d'Istanbul en 2003). Al Qaïda est devenue maintenant une sorte de logo, de marque, une Rolex qui franchise son nom. Cela a été le cas du groupe de Zarkaoui en Irak (Ben Laden n'a jamais aimé Zarkaoui et vice versa) ainsi que le GSPC. (Ben Laden a toujours eu des problèmes avec le GSPC en Algérie, contrairement au GSPC en Europe). Il a fallu plusieurs mois pour que le message du GSPC qui voulait avoir le droit d'utiliser le sigle Al Qaïda soit exprimé et un certain temps aussi pour que Zawahiri l'eut publiquement approuvé. Maintenant nous avons « Al Qaïda dans le Maghreb » perpétrant des attentats suicide. C'est uniquement une différence d'appellation. Mais l'appellation fait-elle réellement la différence ?
Comment l'Administration américaine voit-elle cette flambée de violence en Algérie et comment compte-t-elle réagir face à cette vague d'attentats kamikazes ?
Cela dépend à qui vous vous adressez. Les spécialistes savent qu'il ne s'agit pas vraiment d'Al Qaïda, mais le pouvoir politique veut focaliser l'attention sur Al Qaïda : combattre Al Qaïda est la question politique la plus importante sur la scène politique américaine, et avoir la possibilité de brandir à chaque fois une nouvelle menace, Al Qaïda a le pouvoir de faire taire tout le monde. Les journalistes, les politiciens et les leaders politiques disent qu'ils ont réalisé qu'Al Qaïda n'est pas si impliquée que cela et ne représente pas une réelle menace. Mais c'est le seul fait qui peut faire peur au public. Ils disent qu'on ne peut relativiser l'ampleur de cette menace qui est diffusée. Et je soupçonne la même approche avec les leaders politiques algériens. C'est aussi vrai pour les Marocains qui me disent que les auteurs d'attentats suicide qui sont originaires de Tétouan, qui se sont engagés pour l'Irak (ou les 5 kamikazes qui viennent de Djemaâ Mezuak qui se sont fait exploser à Madrid) font partie d'une conspiration islamiste internationale. C'est un non-sens. Malheureusement, le non-sens finit par créer une réalité plus dangereuse pour tout le monde.


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