Hier tôt le matin, des centaines d'habitants de la mechta Sebikhia ont bloqué l'accès à la commune de Aïn Beida Ahriche, distante de cinq kilomètres de la commune de Ferdjioua (40 km au nord-ouest de Mila). Ayant installé des barricades au niveau de tous les accès à ladite commune, les habitants entendaient par-là crier leur ras-le-bol pour dénoncer les conditions de vie déplorables dans lesquelles ils vivent depuis deux décennies. A notre arrivée, amassés derrière des barricades de fortune érigées en toute hâte afin d'interdire l'accès à la commune, des jeunes survoltés s'attelaient à empiler les pneus récupérés ici et là et les allumer. Mohamed, la trentaine, qui semblait jouir du respect des autres, nous expliquera que la mechta Sebikhia qui compte quelques milliers d'habitants souffre de marginalisation. Il dira : « Nous ne comprenons pas pourquoi Aïn Beida Ahriche est raccordée au gaz et pas notre mechta, d'autant plus que le tuyau de gaz qui alimente Aïn Beida Ahriche passe sous nos maisons. L'éclairage public existe mais ne marche jamais. L'eau qui coule dans nos robinets est absolument non potable et insalubre, alors que nous nous trouvons à quelques kilomètres seulement du plus grand barrage d'Algérie… » La situation des routes est désastreuse, et en ce moment même boueuse. Un habitant nous dira : « Où sont ces élus locaux qui ne se souviennent de nous que lors des campagnes électorales ? Ils ne savent que faire des promesses qu'ils ne tiennent jamais. » Quelques heures plus tard, les habitants décideront d'aller bloquer la route nationale qui mène de Ferdjioua vers Jijel, paralysant ainsi la circulation sur un axe névralgique. L'un d'eux nous dira : « C'est le seul moyen d'attirer l'attention et de nous faire entendre. » Un peu plus tard, le chef de la daïra de Ferdjioua, M. Kadri, se rendra sur les lieux, accompagné de M. Lebsir, SG de la commune de Ferdjioua, et donnera des instructions afin que la route du bas menant vers la mechta soit prise en charge dans les meilleurs délais. Il expliquera aux représentants des émeutiers qu'il existe un projet pour refaire le réseau d'assainissement dont l'étude a coûté près de 64 millions de centimes et que ce projet sera réactivé incessamment. M. Kadri promettra de relancer le projet de l'école, de l'annexe de la commune et d'une salle de soins. Interrogé sur les raisons qui ont fait que ces projets qui apparemment existaient déjà n'aient pas été lancés plus tôt, M. Kadri nous répondra : « C'est dû aux lenteurs bureaucratiques dans l'allocation des budgets. » « De plus, l'équipe dirigeante à la tête de la mairie était en fin de mandat. » « Tout cela a fait que ces projets ont pris du retard. » En début d'après-midi, les émeutiers décideront de suspendre leur mouvement menaçant de recourir encore une fois à cette méthode si les promesses ne sont pas tenues. Il est à signaler que les gendarmes qui étaient présent sur les lieux ont évité d'entrer en confrontation avec certains jeunes surexcités qui ont tout de même saccagé quelques panneaux de signalisation.