Evalués à 1 550 tonnes en 1992, les pesticides périmés, stockés sur le territoire national, seraient à l'heure actuelle de l'ordre de 2 360 tonnes, selon une source proche du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement qui estime, par ailleurs, que 39 % de ces produits phytosanitaires n'offrent pas, faute d'étiquetage, d'informations de traçabilité. Un recensement datant de 1994 évalue à 11 tonnes les pesticides stockés à l'échelle des exploitations de la wilaya de Constantine, sans parler des quantités détenues éventuellement pas les institutions publiques. Dans leur majorité, ces produits seraient des herbicides, étant donné le profil céréalier de la wilaya. Néanmoins, d'après une étude lancée en 1997, ces stocks auraient, d'année en année, fondu comme neige au soleil. Dix ans après, ils sont estimés uniquement à 15 quintaux. A cet égard, on peut logiquement supposer que les services compétents ont procédé à leur élimination, conformément à la législation en vigueur. Or, d'après Belkacem Benbouzid, ingénieur à la direction de l'environnement de la wilaya de Constantine, les agriculteurs, et en particulier les céréaliculteurs, les auraient tout simplement utilisés pour leurs besoins, à charge pour eux d'augmenter sensiblement les quantités prescrites par le fabricant. Se basant sur les rapports d'inspection parvenus aux services compétents, ce dernier signale que « les 15 quintaux de pesticides périmés sont stockés dans des conditions déplorables, sans étiquetage, à portée de mains et placés à même le sol dans des sites inondables dépourvus d'aération. Partant de ce constat de carence, la direction de l'environnement a mis en œuvre des contrôles inopinés menés par des brigades mixtes, lesquelles sont composés également d'élément des services agricoles, du commerce et de la santé. Les résultats ne se sont pas fait attendre, et à ce jour, aucun pesticide périmé n'est venu se greffer sur les anciens stocks. Mais pour parvenir à un tel résultat, il a fallu passer par toute une batterie de mesures, à savoir des mises en demeure, des saisies et autres poursuites judiciaires ». Pour autant, notre interlocuteur estime que la gestion de ce dossier demeure plus que jamais au cœur des préoccupations des pouvoirs publics sachant, dit-il, que le traitement et l'élimination d'une tonne de pesticides périmés coûte la bagatelle de 240 982 DA. « Sur la base de ces tarifs, ajoute-t-il, éliminer les pesticides périmés stockés en Algérie coûterait 633 784 860 DA, un montant calculé sur la parité dollar US/DA en cours à la date du 22/03/2007 ".