Il existe sur le territoire national 8 000 pharmacies et près de 400 grossistes de produits pharmaceutiques, et chacun d'eux dispose d'un stock de médicaments périmés qui sont coûteux pour celui qui en a la charge et nuisibles pour l'environnement. Médicaments périmés : des milliers de tonnes s'entassent en l'absence de moyens adéquats de destruction. Le Syndicat national algérien des officines pharmaceutiques parle de l'existence d'un véritable stock noir au niveau aussi bien des pharmacies que des unités de stockage appartenant à l'Etat. Mais aussi au niveau des hôpitaux et des cliniques privées. Les pertes occasionnées par ce phénomène représentent environ 25% des dépenses globales consacrées aux médicaments. En collaboration avec l'entreprise Ecféral, le Snapo a lancé une opération de destruction de médicaments périmés à Boumerdès et compte la poursuivre dans la capitale en février. Il existe sur le territoire national, 8 000 pharmacies et près de 400 grossistes de produits pharmaceutiques et chacun d'eux dispose d'un stock de médicaments périmés qui sont coûteux pour celui qui en a la charge et nuisible pour l'environnement. Coûteux, premièrement parce que ces produits périmés occupent un espace qui ne permet pas le renouvellement du stock, en plus de la perte sèche de l'ordre en moyenne de 50 000 DA de produits périmés par année et par officine, coût de leur destruction. Ensuite, parce que s'en débarrasser est à l'entière charge des officines et nécessite la mise en place de moyens logistiques et le recrutement d'un personnel qualifié pour le tri et l'incinération de ces déchets spéciaux et dangereux pour l'environnement et pour la santé. Un antibiotique, par exemple, jeté dans la nature favorise la non-résistance aux maladies. “Le problème des produits périmés date de l'indépendance. L'Etat n'a pas mis à la disposition des pharmaciens un système pour les déclarer mais aussi pour les détruire”, explique M. Zemmouchi, président du bureau d'Alger du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines. Selon lui, la réglementation en vigueur en la matière n'est pas assez protectrice. “Ailleurs, on peut rendre à son fournisseur le médicament trois mois avant sa date de péremption pour être soit remboursé, soit obtenir le remplacement par un autre médicament. Cette clause n'existe pas chez nous. La seule disposition officielle est l'exigence que le médicament soit aux deux tiers de sa vie. C'est une perte sèche pour l'Algérie. La reprise des périmés est partout négociée, sauf chez nous. C'est inacceptable.” Il poursuit : “Notre pays importe 75% de ses besoins en médicaments et doit normalement établir un cahier des charges pour protéger ses intérêts. Ce n'est pas le cas pour le moment.” Selon notre interlocuteur, la destruction du produit périmé coûte plus cher que le médicament lui-même. C'est pour cette raison que le fournisseur ou l'importateur n'ont jamais prévu cette clause dans le contrat. Sur un autre plan, il indique que l'accumulation des stocks des périmés est “anti-commerciale à 100% pour les pharmaciens”. Jusqu'à présent, aucun organisme ne s'est préoccupé du coût des médicaments périmés, en vue de trouver une solution évitant ce gaspillage auquel se greffe le problème du traitement des déchets pharmaceutiques qui ne se fait pas toujours selon les normes requises. Le Snapo a, à maintes reprises, saisi le ministère de l'Environnement et celui de la Santé pour trouver une solution à cette situation qui s'est détériorée depuis 2002, date à laquelle le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement avait interdit toute incinération de produits médicamenteux dans les décharges publiques, sans proposer une alternative. Les pharmaciens déclarent ne pas être contre cette mesure mais ils demandent tout simplement aux autorités concernées de leur donner les moyens de leur politique. “Nous ne disposons d'aucun incinérateur agréé jusqu'à nos jours.” Le hic, c'est que les hôpitaux possédant un incinérateur n'acceptent pas non plus les périmés d'officines. Le Snapo a récemment décidé de prendre les choses en main en contactant Ecféral, société spécialisée dans la chaudronnerie et la fabrication d'incinérateurs non pollueurs. La même entreprise a été sollicitée par l'Etat pour placer un incinérateur à l'hôpital Mustapha. Une première opération a été tentée à Boumerdès, wilaya dans laquelle Ecféral a démarché avec 161 pharmacies en novembre et octobre derniers en vue de la prise en charge de 10 tonnes de périmés pour un montant de 1,5 million de dinars. L'opération est toujours en cours. “Nous activons dans ce domaine avec le Snapo dans le cadre d'un protocole d'accord classique et global”, explique le président-directeur général d'Ecféral, M. Adeli. “L'autorisation de conclure un accord avec Ecféral a été acquise au forceps, car il n'y a pas de stratégie officielle du ministère de l'Environnement pour dire que telle ou telle société est agréée pour ce faire. Mais on avait trop attendu, il fallait bien trouver une solution à ces stocks”, explique de son côté M. Zemmouchi qui affirme que pour la capitale, l'opération sera lancée le 7 février prochain. L'assemblée générale du Snapo qui s'est déroulée, hier, à l'hôtel Mouflon d'or, en présence du P-DG d'Ecféral a été l'occasion de recenser le nombre de pharmacies intéressées. Cela représente pour les pharmaciens une dépense de l'ordre de 180 DA le litre pour les produits liquides et 250 dinars pour les produits solides, soutient M. Zemmouchi qui estime que cela entraîne des frais énormes pour les officines.