Réfugiés au lendemain des intempéries du 1er novembre dernier dans le hall de l'APC de Draâ Ben Khedda, 4 familles sinistrées ont été évacuées par la force publique, sur injonction de l'administration locale. Elles se retrouvent depuis une semaine dans la rue. « Le chef de daïra est insoucieux de trouver une solution durable à notre problème. Désormais, on a sollicité toutes les instances concernées. Depuis 1994, aucun responsable n'a daigné prendre en charge nos familles », apprend-on des victimes, visiblement très affectées de cette vie de dénuement total. La frayeur des enfants et des femmes, face à une tentative de suicide de l'un des pères de famille, au milieu de la confusion, a persuadé les occupants à quitter la mairie. « Un policier en civil a osé même proférer des injures à notre encontre, en présence de nos femmes et enfants ». En effet, ils sont une vingtaine de personnes qui vivotent sous une tente de fortune accrochée à la clôture extérieure du siège de l'APC. Les effets des ménages sont entassés au fond de l'habitacle et des matelas, octroyés par le CRA, sont mouillés du fait des infiltrations d'eau. « Des citoyens charitables nous donnent de la nourriture pour les enfants de temps à autre. Ils nous ont offert même des couvertures », dit l'un des pères de famille. L'état de santé des femmes et des enfants est inquiétant. « Des praticiens de la polyclinique du chef-lieu refusent de nous remettre des certificats attestant que les maladies sont dues essentiellement à la moisissure, au froid et à l'humidité ». « Ma fille a été évacuée par la Protection civile à l'hôpital, suite à un malaise cardiaque », confie un père de famille. Âgé d'à peine 18 mois, un bébé présente un début de bronchite, selon une prescription médicale. Ainsi, les 15 enfants scolarisés ne fréquentent plus l'école depuis plus de 20 jours. Les conditions de vie dans une tente dressée sur un trottoir sont pour le moins terribles, pour lire et écrire. Les yeux rivés sur l'entrée de la tente, une petite fille de 12 ans avance en boitant, et s'accroche péniblement à la main de son frère. « C'est ma fille. Elle ne peut pas marcher sans qu'elle soit aidée. Le linge est humide et le sol est aussi dur que froid », se plaint le père. Cependant, tout le monde semble ignorer la détresse de cette mère berçant son enfant lové dans ses bras. « On ne demande que de vivre dans la dignité et des jours meilleurs pour nos fils », dit-elle, les larmes aux yeux. Dans un contexte marqué par la campagne électorale et une rivalité aiguë entre les candidats, aucun ne s'est engagé pour prendre en charge le cas de ces sinistrés. L'OPGI a été avisée pour trouver des logements aux familles, mais rien n'a été fait à ce jour. Nous avons tenté de contacter le secrétaire général de l'APC, mais il s'est refusé à tout commentaire. « Il est occupé dans une cérémonie », apprend-on à l'APC, le jour de notre visite. Toutefois, ces familles ne désespèrent pas de faire valoir leur droit. Lynda Merbouti, Nordine Douici