Une année est passée depuis les meurtrières intempéries de novembre 2007. De fortes précipitations ont endeuillé 4 familles et provoqué de nombreux dégâts matériels. Les trombes d'eau qui dévalaient dans les différents quartiers et banlieues de la ville de Tizi Ouzou ont montré les limites de l'administration locale quant à la gestion des catastrophes naturelles. N'ayant pas pu contenir l'étendue de la catastrophe, les autorités ont essuyé le courroux de dizaines de citoyens qui ont investi la rue. Autre conséquence : une dizaine de familles sinistrées. Sur le terrain, de multiples défaillances ont été constatées sur les réseaux de d'évacuation et de drainage des eaux. Mais qu'en est-il après douze mois ? Une virée dans les zones qui ont été touchées montre que les stigmates sont toujours présents. Sur la RN12, au niveau de l'ETRHB et du campement des URS, les travaux sur un canal de drainage des eaux pluviales sont à la traîne. Les brèches qui ont été ouvertes l'an dernier pour évacuer la crue sont toujours ouvertes. Des embouteillages inextricables sont créés à la moindre averse. La traversée est rendue impossible pour le personnel des organismes publics et privés implantés dans cette zone. A Draâ Ben Khedda (à 10 km de la ville de Tizi Ouzou), l'on s'inquiète moins. La ville est transformée en un grand chantier, interminable. La cité des 400 logements inondée l'an dernier a changé de look. Des travaux d'embellissement et un système de drainage sont en cours de réalisation. Le chef de chantier dit que les travaux sont à 90% d'avancement, mais il reste le problème des caves qui s'inondent, dit-il. Des citoyens interrogés pointent le retard dans l'exécution de ce programme. A Touares 1, un long canal est construit pour contenir les eaux qui débordent d'une retenue collinaire se trouvant dans les champs des Bouzour, indique un tôlier. « Cette retenue est responsable des inondations dans cette partie de la ville. Mais nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge, puisque la route qui longe le siège de la daïra est presque impraticable et les caniveaux non encore réalisés », poursuit-il. Autre destination : l'ancien village de Boukhalfa qui surplombe le sud-ouest de la ville des Genêts. Ici, par contre, la colère est vive. A Boukhalfa, les habitants n'ont rien vu des promesses faites par le wali, lors de sa visite sur le site, le lendemain des intempéries. Hormis quelques murs de soutènement qui ont été construits, le village offre une image désolante. Le premier magistrat avait écouté les habitants en les rassurant que des mesures allaient être prises. « Rien n'a été fait pour consolider nos habitations ou nous trouver un autre endroit de recasement. Nous vivons la peur au ventre à la moindre goutte d'eau », dit Ali, 29 ans. Il s'empresse de montrer sa maison. Adossée au flanc du massif, la cour de la demeure est traversée par un cours d'eau creusé par les flots. Derrière, des infiltrations d'eau ont usé l'étanchéité du vieux mur, construit de pierres et d'argile. « Faut-il encore qu'il y ait mort d'homme pour que les pouvoirs publics se manifestent ? », fulmine ce jeune. L'étage supérieur est surélevé sur les mêmes murs qui présentent d'ailleurs des fissures profondes. Comme cette masure, le village compte une dizaine de constructions précaires que les prochaines précipitations n'épargneront sans doute pas. Une vieille femme, la soixantaine, semble ravie de rencontrer la presse écrite. Elle dit avoir parlé au wali. « Il m'avait demandé de ne pas m'inquiéter, avant que l'un de ses collaborateurs ne prenne nos coordonnées », dit-elle. « J'attends depuis une année que quelqu'un vienne, mais en vain ». Le visage blême, la vieille dame est atteinte d'un rhumatisme qui l'empêche d'entreprendre des démarches auprès de l'administration en vue d'un recasement. Une main sur la tempe, elle se remémore la violence du torrent qui frappait les murs de sa maison. Sur le chemin du retour, notre véhicule avance péniblement sur une piste cahoteuse. Des amas de tout-venant sont entassés sur les accotements. Aucun système de drainage des eaux pluviales n'est perceptible. A Boukhalfa, un nuage gris est plus une menace qu'un beau présage.