Le suspense demeure toujours dans l'affaire du détournement à la SNTF de Constantine. Hier, jour où le verdict devait être rendu, après un premier report, le 9 décembre dernier, la juge a demandé une nouvelle expertise sans autre commentaire. Nous croyons savoir que la complexité, le nombre de personnes incriminées et surtout le montant très élevé des sommes détournées (20 milliards de dinars), sont les principales raisons qui ont fait que la juge se soit accordée davantage de temps pour statuer dans cette affaire et demander finalement une nouvelle expertise. Certains qualifient cette affaire de « banale », d'autres, par contre, estiment qu'elle est d'une grande importance, ce qui explique, selon eux, le caractère « embrouillé » d'un dossier qui comporte beaucoup de zones d'ombre et qui appelle le passage au crible de bon nombre de ses aspects. Raison pour laquelle le procureur avait demandé, lors du procès, une nouvelle expertise, estimant que la première « restait muette » sur certains aspects déterminants de l'affaire. Il semble bien que la présidente avait suivi le représentant du ministère public dans sa requête. Il y a lieu de rappeler que des peines allant de 2 à 10 ans de prison ferme avaient été requises lors du procès tenu le 2 décembre dernier par le représentant du ministère public à l'encontre des 14 mis en cause, poursuivis pour détournement, dilapidation de fonds et utilisation de deniers publics à des fins personnelles. L'avocat général a insisté, lors de son réquisitoire, sur le fait que « bon nombre de personnes impliquées dans cette affaire n'ont pas été poursuivies par la justice ». A ce sujet, les avocats de la défense ont assuré que 103 individus ont été auditionnés par le juge d'instruction. Les interventions de la présidente, qui ont tourné presque exclusivement autour des chalets ayant été distribués le 8 mai 1993 par la SNTF au profit des travailleurs, avaient fait réagir l'avocat général qui a estimé que le dossier ne se résumait pas à ce seul aspect. Selon la défense, les chalets en question ont été distribués aux travailleurs de la SNTF de Constantine, Souk Ahras, Oran et Alger, suite à une décision prise par le conseil de direction de l'entreprise. Ceux se trouvant à El Milia, dans la wilaya de Jijel, appartenaient à l'entreprise française de travaux publics, Bouygues. Une fois le projet réalisé, les responsables de cette entreprise ont estimé que le transport des chalets vers la France était coûteux. Ils avaient décidé alors de les laisser en Algérie. Les accusés disent qu'ils ne comprennent pas pourquoi la SNTF a introduit une action en justice contre eux pour détournement, alors que c'est bien elle qui leur a distribué ces mêmes chalets ? ! Cependant, il convient de souligner que l'affaire des chalets n'est pas le seul fait reproché aux 14 accusés. En effet, il est également question de pratiques frauduleuses de passation de marchés, de contrats préjudiciables aux intérêts de l'entreprise et de vente de matériel reformé contraires à la réglementation…