Un attentat kamikaze a été perpétré hier matin, vers 6h45, dans la paisible localité de Naciria (Laâziv), en Kabylie, à 45 km à l'est du chef-lieu de wilaya de Boumerdès. L'on déplore 4 morts et 23 blessés, dont 4 grièvement atteints, dans ce troisième attentat suicide dans la wilaya de Boumerdès. Les morts sont tous des policiers ainsi que 6 autres éléments de ce corps de sécurité blessés. Le reste est composé de citoyens qui se rendaient à leur lieu de travail ou des membres des familles résidant dans les alentours du lieu de l'attentat. Les terroristes ont visé le commissariat de police de la ville. Le kamikaze, à bord d'une camionnette de marque Toyota, type Hilux, selon des témoignages concordants, a foncé droit sur la bâtisse de la police se faisant exploser devant l'entrée. Son véhicule sera stoppé à quelques mètres du mur de clôture grâce aux barricades dressées devant le bâtiment. Le gros des blessés sera enregistré dans le café faisant face au commissariat, témoignent les habitants. Le cratère formé sur la chaussée renseigne sur l'intensité de l'explosion et, par conséquent, sur la charge de l'explosif utilisé. A notre arrivée sur les lieux, les forces de sécurité avaient délimité un périmètre de sécurité et les premières étapes de l'enquête et de l'investigation avaient commencé. La police scientifique était à la recherche du moindre indice pouvant éclairer les enquêteurs. Car du kamikaze, il ne restait plus rien. Que des restes de ses habits et des résidus de son corps que la police devrait analyser pour l'identifier. La façade du commissariat a été littéralement soufflée. Les commerces et autres habitations ont tous subi d'importants dégâts. « Nous allons reloger les familles sinistrées en attendant la réparation de leurs habitations », nous a dit le chef de daïra de Naciria. Des bâtisses situées à des centaines de mètres à la ronde ont subi des dégradations. Portes et fenêtres soufflées, murs détruits ou fissurés, vitres brisées… c'est la catastrophe. « J'étais tout près de la mosquée lorsque l'explosion a eu lieu. Il était environ 6h30. J'ai vu des flammes s'élever dans le ciel et j'ai senti une très forte secousse. Le bruit était assourdissant. L'explosion a été suivie d'un calme sépulcral. Les renforts et les secours sont arrivés une heure plus tard environ. Avant leur arrivée, nous avons accouru pour porter secours aux blessés, mais les gendarmes se sont mis à tirer, nous contraignant à nous retirer », témoigne un habitant de Naciria. Un autre dira : « Les corps des policiers qui étaient au niveau du rond-point juste devant le commissariat étaient projetés à des dizaines de mètres plus loin. C'est nous qui avons couvert les cadavres des policiers morts. Le souffle était très fort. » Comme il faisait encore nuit, personne n'a pu nous donner des indices sur l'identité du terroriste kamikaze. Cependant, la majorité des témoignages recueillis sur place affirme qu'il était venu du côté des maquis de Sidi Ali Bounab. Naciria ne connaissait pas, jusqu'ici, une activité terroriste importante, bien qu'elle soit au pied des monts de Sidi Ali Bounab. Celui-ci est le premier attentat à la bombe dans la localité et le troisième attentat kamikaze dans toute la wilaya après ceux de Si Mustapha qui avaient ciblé la brigade de la Gendarmerie nationale au printemps dernier et la caserne de Dellys. Les habitants de Naciria étaient hier sous le choc. L'amertume ainsi que la crainte du pire se lisaient sur les visages et s'exprimaient dans les témoignages. Tous les commerces ont baissé rideau et ils étaient des milliers à se poster au-delà du périmètre de sécurité pour « voir et savoir ce qui s'est passé ». La présence d'une foule nombreuse est un signe des ravages que fait le chômage au sein de la population, toutes les franges d'âge confondues, de cette commune. Si chacun avait où aller, les rues de la ville n'auraient pas eu de mal à contenir la foule. En fin de journée, le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi et le ministre délégué aux Collectivités locales se sont déplacés sur les lieux de l'attentat. Sur place, M. Tounsi a réitéré « l'engagement de l'Etat à combattre sans relâche le terrorisme ». Par ailleurs, 16 familles sinistrées à la suite de l'attentat ont été relogées en fin de journée. Le wali de Boumerdès a procédé à l'installation d'une commission pour l'indemnisation des citoyens ayant été touchés par l'explosion.