Dans la région nord de la wilaya de Sétif, l'oléiculture, qui est classée au quatrième rang au niveau national, avec une superficie de 16 000 ha, représentant 4,5% de la surface agricole, est en nette régression. Un paysan de la région dira : « Le fellah, qui produisait, il y a quelques années, plus de 1 000 l, ne peut plus, aujourd'hui, dépasser le seuil des 110 à 120 l. La récolte espérée n'a pu se réaliser à cause du verglas, qui a eu un effet néfaste sur la production de l'olive ; la vieillesse des arbres est l'autre cause de la mauvaise récolte ». Et un autre ajoute : « Cette année, la quantité d'olives récoltée est plus importante par rapport à celle de l'année écoulée, mais le taux d'eau dans l'olive est supérieur à celui de l'huile, et cela pose un sérieux problème, le quintal d'olive ne dépassant pas les 6 ou 7 l au sortir des presses ». Selon des sources proches de la direction de l'agriculture, la production est en perpétuelle baisse. La saison 2004/2005 a été exceptionnelle, avec presque 109 000 q d'olives récoltés et 23 000 hectolitres d'huile. Celle des deux dernières années est loin de répondre aux attentes du secteur. En effet, l'année 2005/2006 a enregistré une baisse de la production de 40%, soit une récolte de 72 000 q d'olives et de 2 500 hectolitres d'huile. A cet effet, un homme âgé, habitant la localité de Beni Ourthilene, région connue pour la qualité de son huile et commune parmi les plus productrices de la matière, expliquera : « Pour la saison 2006/2007, Les estimations, données la veille de la clôture de la récolte de l'olive, évoquent une production 5 fois inférieure à celle de la campagne 2004/2005. Les causes de cette régression sont multiples : les facteurs climatiques, d'un côté, le vieillissement des arbres producteurs, ainsi que les obstacles bureaucratiques de l'autre, sont les causes de la mauvaise récolte de l'olivier ». Selon El Hacène Benabid, fellah, dira : « La bureaucratie est un vrai obstacle et une menace pour le développement de cette filière. Moi, je m'intéresse à l'investissement en agriculture, et particulièrement à l'olivier sur nos terres agricoles, situées à Maoklane, à 52 km au nord du chef-lieu de la wilaya ; j'ai planté, à ce jour, 1 000 oliviers de variété Chemlal, sachant que le projet a été réalisé avec mes propres moyens, et je n'ai demandé aucune aide financière. Seulement, je me suis aventuré, et j'ai présenté une demande d'autorisation pour un forage. La correspondance traîne entre les services concernés et les bureaux de la wilaya de Sétif depuis 3 ans déjà, sans aucune suite, ni favorable, ni défavorable. Tout le monde sait aussi que plusieurs citoyens de la région creusent, à des fins domestiques ou industrielles, sans aucune autorisation, mais cela va-t-il durer encore longtemps ? ». Et d'ajouter : « Si l'Etat m'avait accordé l'utilisation de la technique du goutte-à-goutte, la production serait déjà disponible sur le marché. J'ai donc perdu 3 années du cycle de cet investissement ». La régression de la production, enregistrée cette année, influe directement sur le prix du litre de l'huile d'olive, très prisée par nos ménagères pour la cuisine ou la médication, qui a atteint et dépassé le seuil de 350 DA le litre. Notre interlocuteur dira pour terminer : « Il faut s'attendre à une flambée du prix du litre d'huile cette année. Chose qui se confirme déjà, puisque le litre, qui n'a jamais dépassé les 200 DA, se vend déjà entre 300 et 400 DA. Cette année, les prix s'envolent, car l'huile de qualité devient une denrée presque rare. Pour moi, l'année passée, j'ai récolté jusqu'à 1 000 l, cette année, je n'ai même pas atteint les 100 l, vous voyez donc l'importance de la baisse ». A signaler que selon une documentation établie par les services de la direction de la culture, la wilaya de Sétif compte 25 000 arbres fruitiers, dont 80% composés d'oliviers concentrés dans la zone nord, à savoir Bouaândas, Tala Ifacen, Beni Ourthilène, Beni Mouhli, Aïn Legredj, Draâ Kebila, Guenzet, Harbil et Aïn Sebt, sur une superficie de 11 000 ha, et pas moins de 64% des oliviers sont centenaires. Cette situation exige un rajeunissement de la réserve d'oliviers de la région.