Avec les Stones, Madonna, Patti Smith et le fantôme de Neil Young, la 58e édition du Festival de Berlin sera dans la gamme. Rock en particulier. La 58e édition du Festival international du film de Berlin (Berlinale), qui commencera ce jeudi et durera jusqu'au 17 février courant, sera quasi exceptionnelle. Pour la première fois de son histoire, le coup d'envoi du Festival se fera avec un documentaire : Shine a light de Martin Scorsese consacré au groupe culte, les Rolling Stones. Mais l'événement réside dans la présence du groupe de Mick Jagger à cette première mondiale. Si Shine a light ne sera pas en course pour l'Ours d'or, il n'en est pas moins l'un des films les plus attendus de l'année. Dans 150 000 m de pellicule, Scorsese a filmé le groupe de rock britannique durant sa tournée, notamment son passage sur la scène de New York en compagnie de Jack White des White Stripes. Le réalisateur en a gardé l'essentiel avec des interviews en coulisses et des images d'archives rares pour un documentaire qui promet du rock'n'roll à l'état pur. Toujours dans la gamme, Filth and wisdom (Saleté et sagesse), le premier film que réalise Madonna. Derrière la caméra, elle décide de s'inspirer de la vie de tous les jours pour mettre en scène des immigrés russes, installés à Londres, et qui acceptent toutes sortes de jobs, tant pour vivre que pour réaliser leurs rêves. Madonna aurait choisi de raconter des parcours difficiles pour démontrer qu'on atteint un objectif, d'une manière ou d'une autre, par la crasse ou par la sagesse. Dans ce film de 81 minutes, elle dirige, entre autres, Richard E. Grant et Stephene Graham. Filth and wisdom a été retenu dans la sélection Panorama, au même titre que 50 autres films d'art et d'essais. La musique est omniprésente, la sélection Panorama y contribue tout particulièrement. La rockeuse américaine, et également poétesse et peintre, Patti Smith, sera à Berlin avec le réalisateur Steven Sebring pour présenter le film autobiographique de Patti Smith : Dream of life. L'Argentin Miguel Kohan rassemble les grands musiciens et chanteuses de tango dans Café de los Maestros, alors qu'Eddy Moretti et Suroosh Alvi décrivent le parcours dramatique du groupe irakien, Acrassicauda, depuis la chute de Saddam Hussein et l'invasion américaine dans Heavy metal in Baghdad. Bref, le rock et ses différentes combinaisons ne lassent jamais, plus lorsqu'il se fait l'allié du cinéma. Quant à la compétition officielle, parmi les 21 films en lice pour l'Ours d'or, l'un d'entre eux est particulièrement attendu : Standard operating procedure ou SOP du réalisateur américain Errol Morris. Le documentaire se penche — de très près — sur la prison d'Abou Ghraïb, où des abus et des maltraitances ont été commis par des soldats américains. Trois réalisateurs seront les invités de cette 58e Berlinale : l'Américain Paul Thomas Anderson avec son film There will be blood, le Chinois Wang Xiaoshuai avec In trust we love, tout deux en compétition et le Polonais Andrzej Wajda qui avait reçu en 2006 un Ours d'or honorifique pour l'ensemble de son œuvre, qui viendra cette fois-ci avec Kathyn (hors compétition) qui retrace le massacre de milliers de Polonais par les Soviétiques, en 1940. Cette année, c'est au tour du réalisateur italien Francesco Rosi, 85 ans, de recevoir l'Ours d'or honorifique pour l'ensemble de son œuvre. La Berlinale prévoit une rétrospective de son œuvre, dont sa pièce maîtresse Salvatore Giuliano, du nom du célèbre bandit sicilien du XXe siècle, qui est un suspense policier dont il fit un film politique très personnel. Ancien assistant de Luchino Visconti, il est aussi l'auteur de nombreux succès dont L'Affaire Mattei, Main basse sur la ville, Le Christ s'est arrêté à Eboli, Chronique d'une mort annoncée, Trois frères. A l'instar de Costa-Gavras, qui présidera le jury de la Berlinale 2008, Francesco Rosi est considéré comme le représentant en Italie du film de dénonciation sociale et politique.