L'idée de la création d'une alliance des exportateurs de gaz semblable à celle qui existe déjà pour le pétrole occupera probablement une bonne place dans les discussions entre le président Abdelaziz Bouteflika, qui effectue à partir d'aujourd'hui une visite à Moscou, et son homologue russe, Vladimir Poutine. « L'Opep du gaz » a déjà fait du chemin et les pays concernés, après avoir longtemps rejeté ce concept, sont revenus à de meilleurs sentiments. L'Algérie et la Russie ont adopté globalement la même position estimant que cette idée méritait d'être approfondie. « Cette Opep du gaz est une idée intéressante, nous allons y réfléchir », avait affirmé M. Poutine à ce propos, tandis que M. Bouteflika jugeait dans un entretien au journal espagnol El Pais qu'il ne fallait pas « rejeter a priori » cette proposition iranienne tout en relevant qu'elle devrait être « examinée et discutée entre tous les intéressés ». M. Bouteflika est allé encore plus loin en déclarant que la proposition iranienne « s'inscrit dans les tendances introduites par la globalisation qui poussent les producteurs à se solidariser pour défendre leurs intérêts ». La création d'une Opep du gaz est désormais sérieusement envisagée et sera même discutée lors de la prochaine réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) qui se tiendra à Moscou en juin prochain. On affirme même qu'une organisation similaire à l'Opep pourrait être mise en place au cours de cette réunion. Si l'Algérie et la Russie qui sont de grands acteurs dans l'industrie gazière mondiale expriment une position commune et favorable à cette initiative lors du séjour de M. Bouteflika dans la capitale russe, cela constituerait une avancée considérable pour sa concrétisation. Les pays consommateurs, notamment l'Union européenne, seront attentifs quant à l'issue des discussions sur ce dossier entre les chefs d'Etat russe et algérien. Une convergence de vues qui va dans le sens des ambitions iraniennes signifierait que les deux parties sont prêtes à adhérer à cette proposition. Une telle décision stratégique mettrait dans l'embarras l'Europe dont l'essentiel des importations européennes de gaz provient de Russie et d'Algérie. L'Europe ainsi que les autres pays consommateurs craignent que la mise en place d'une structure pour le gaz semblable à l'Opep influe sur les prix et instaure une tendance à la hausse. De l'avis de nombreux experts, les conditions pour la création d'une organisation pareille ne sont pas réunies étant donné les différences du marché gazier d'un pays producteur à un autre.