Le divisionnaire des douanes à l'aéroport d'Alger a été relevé de ses fonctions pour faute professionnelle. Pour le même motif, 4 officiers et 2 agents ont été démis de leur poste. Ces décisions sont le fruit d'une enquête de l'inspection sur les réseaux de trabendistes. De grands changements dans les rangs des directeurs centraux et des responsables des services de contrôle sont attendus. Un grand coup de balai a été donné jeudi dernier dans les rangs des services des douanes à l'aéroport international d'Alger, a-t-on appris de sources douanières. Ainsi, le divisionnaire, trois inspecteurs de visite, un officier de la brigade ambulante, un agent du service dépôt et un autre affecté au scanner ont été relevés de leurs fonctions pour « incompétence » pour certains et « erreur professionnelle » pour d'autres. Emanant du directeur général, cette décision, tombée comme un couperet, a eu l'effet d'une bombe au sein de l'administration douanière, même si certains responsables s'y attendaient au vu des événements qui ont marqué les services de l'aéroport ces derniers mois. Tout a commencé, nous dit-on, lorsque le directeur général avait mis en garde, dans un télex transmis aux directeurs régionaux, contre le phénomène des trabendistes, notamment dans les aéroports. Dans ce télex daté de novembre 2006, le premier responsable des douanes a mis l'accent sur « la distinction entre le voyageur réel et le passager s'adonnant à de fréquents déplacements dans un but de commerce informel. Ces derniers ne peuvent se prévaloir de la tolérance prévue en la matière et la marchandise en leur possession sera considérée comme revêtant un caractère commercial. En conséquence, il y a lieu de procéder à sa confiscation. Sa réexportation ne peut en aucun cas être autorisée (...). Tout manquement constaté entraînera des sanctions. J'attache de l'importance pour la stricte application de la présente instruction ». Cet écrit est intervenu après les nombreuses plaintes des opérateurs économiques contre la prolifération du marché informel et ses répercussions sur l'économie, notamment l'emploi dans le pays. Cependant, ces strictes consignes ne semblaient pas bien appliquées et les trabendistes poursuivaient leurs pratiques en « achetant » le silence de certains douaniers. La technique utilisée en général est toute simple. Au lieu de procéder à la saisie des produits importés, les douaniers acceptent la mise en dépôt, en attendant leur réexportation. Mais celle-ci n'est dans la majorité des cas jamais réalisée. La marchandise sort du dépôt grâce à la complicité de certains douaniers et se retrouve sur le marché. Rien que pour l'aéroport d'Alger, le bilan de l'année 2007 montre que la majorité de la marchandise importée par les trabendistes a été soit mise en dépôt pour dédouanement, soit destinée à la réexportation, sans qu'elle fasse l'objet de l'une ou de l'autre procédure pour qu'en fin de compte elle soit restituée à son propriétaire. Ce qui est contraire à la réglementation. Les produits concernés sont surtout les téléphones portables et leurs accessoires, les cartes mémoires, les MP3, l'outillage, les DVD et les présentoirs médicaux, le matériel de communication, les bijoux de fantaisie, les télévisions plasma, les PlayStation et les produits dentaires. En juin 2007, les services de la police de l'aéroport ont saisi le divisionnaire des douanes pour se plaindre des agents qui prennent en charge les trabendistes en provenance de Turquie (vol d'Istanbul). Ces accusations reposent en fait sur les images vidéo enregistrées par les caméras de surveillance nouvellement installées dans les halls des arrivées. Trois mois plus tard, le divisionnaire de l'aéroport s'explique dans un courrier adressé à son directeur général, en affirmant qu'il y « absence de preuves concrètes » tout en relevant que « les services de police auraient dû donner les informations qu'ils estiment utiles au moment opportun et non ultérieurement comme c'est le cas dans cette affaire ». Cette réaction est intervenue presque quatre mois après la réception de la lettre des services de police (début juin). Durant la même période, éclatait l'affaire des 250 téléphones portables interceptés toujours à l'aéroport sur un passager et mis en dépôt pour être « réexportés », mais qui ont disparu quelques jours plus tard. Une enquête a été diligentée par l'inspection générale sur ce que certains ont qualifié « d'opérations de réexportation fictives ». Les conclusions du rapport mettent en cause une bonne partie des éléments exerçant à l'aéroport international Houari Boumediène dans ces pratiques qui s'apparentent à un grand trafic. La réaction du directeur général ne s'est pas fait attendre. Le divisionnaire, trois inspecteurs de la visite, un officier de la brigade ambulante, deux agents, l'un du service dépôt et l'autre du service scanner, ont été relevés de leurs fonctions. Si pour ces derniers les motifs évoqués sont « l'erreur professionnelle », pour le divisionnaire, le directeur général a ajouté « l'incompétence ». Selon nos sources, ce coup de balai va également toucher de nombreux autres services, puisque le directeur général a déjà annoncé la couleur, lors d'une réunion avec les cadres, en parlant de séisme dans les rangs de ses subordonnés. Ainsi, il est attendu un grand changement parmi les directeurs centraux, les directeurs régionaux ainsi que l'ensemble des services de contrôle et de gestion.