Que représente pour vous le Fifog ? Le Fifog est avant tout le fruit de notre passion pour le cinéma. Aussi, il y a cette situation paradoxale : la croissance de la production cinématographique des pays d'Orient et l'intérêt des Suisses pour ces œuvres, alors que les distributeurs s'en détournent en pensant que cela n'est pas rentable. Ce qui est vrai en partie. Les beaux films se cassent la gueule en salle alors que dans un festival, il y a une sorte d'engouement pour les films. L'explication réside dans le fait que le festival, apporte un plus à l'offre purement commercial : convivialité, rencontre, échange, partage d'où les aspects positifs dus à des prolongements de la projection en soi… d'où notre idée d'organiser annuellement une rencontre cinématographique à Genève. Des tables rondes, des rencontres et des débats sur les thématiques des films projetés permettront de penser le lien entre l'Orient et l'Occident. La manifestation est organisée par l'Association du festival international du film oriental, en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux œuvrant pour la diversité culturelle, la promotion du cinéma, la vulgarisation d'un savoir sur l'Orient et l'intégration des étrangers en Suisse. Racontez-nous sa naissance… Après avoir couvert plusieurs festivals de film internationaux et travaillé dans d'autres, j'ai eu l'idée de lancer une petite manifestation cinématographique pour combler un vide en Suisse. Mais organiser un festival n'est pas chose aisée. Soutenus par plusieurs amis cinéastes, sans qui ce festival n'aurait pas lieu, comme Malek Bensmaïl, Kamel Chérif, Lyes Salem, Djamila Amzal, nous avons lancé une première édition pendant un week-end. Un simple programme de courts métrages qui a eu un grand succès public et médiatique. Pour la 2e édition, nous avons été aidés par le ministère de la Culture algérien, l'actuel maire de Genève, Patrice Mugny, l'ex-consul général de France à Genève, Nicolas Mettra, le directeur du CAC-Voltaire Rui Nogueira, S.E.M Houhou, ambassadeur d'Algérie à Berne, ainsi que des journalistes et des cinéastes. Nous avons doublé le succès. Croyant avoir épuisé notre potentiel, nous avons été surpris par le succès de la 3e édition qui a joui du soutien de l'ambassade du Maroc, de Tunisie, d'Algérie, de l'Etat et de la ville de Genève. Suite à cela, nous avons restructuré notre équipe qui a confié la coordination générale à Sofiane Bouchaïb, la présidence à Hasni Abidi, qui est aussi directeur du Cermem et m'est revenue la direction artistique. Une équipe qui a réussi l'exploit d'offrir une cuvée 2008, parrainée par Malek Chébel, artistiquement riche, belle et variée, et ce, avec des partenaires prestigieux comme, en plus de ceux sont cités en haut, L'Organisation internationale de la francophonie, l'Institut des hautes études internationales et du développement (IHEID), la télévision suisse romande, la chaîne d'information France 24. Comment s'effectue la sélection des films ? S'agissant de la sélection, les films sont essentiellement repérés dans les festivals. Des contacts sont pris. En fonction de plusieurs paramètres, certains films arrivent à être programmés. Comme nous n'avons pas de compétition, nous essayons de nous coller à des thématiques. Plusieurs réalisateurs nous envoient leur films en s'inscrivant sur notre site www.filmoriental.com. Des correspondants locaux nous signalent aussi des films qu'on finit par programmer. Il y a énormément de films maghrébins sélectionnés cette année. Peut-être même plus que dans les précédentes éditions… On essaie de garder toujours une belle représentation pour les pays du Maghreb, car ils ont des cinématographies dynamiques. Aussi, leurs ambassades et ministères respectifs ont compris l'importance d'utiliser notre festival comme un espace de promotion. Nous avons eu d'excellents rapports professionnels avec eux. L'autre facteur qui détermine aussi le nombre de films est : la concordance des sujets des films aux thématiques choisies par nous. Les films orientaux ont-ils un public en Suisse ? L'intérêt est croissant. On est passé de 100 à plus de 1000, et ce en trois éditions. Ce qui est juste incroyable dans une petite ville de 300 000 habitants, et qui compte plus de 4 grands festivals. En général, il y a un grand intérêt pour tout ce qui est oriental. Le public a envie et ressent le besoin d'aller au-delà des images que proposent les télés. Les spectateurs sentent la manipulation. En même temps, ils ne veulent pas voir l'horreur en Orient…ils ont juste besoin de connaître la réalité et de la vivre. Est-ce que le festival n'a pas un côté cliché, par rapport au terrorisme et à l'après-11 septembre ? C'est justement le contraire. Cette programmation est une bénédiction. Elle vient montrer l'hystérie qui caractérise les relations entre américains-musulmans et non musulmans. On est loin de peser les conséquences du 11 septembre aux relations humaines aux USA. Notre programmation n'est pas racoleuse… on ne cherche pas du spectaculaire… au contraire ! On pose des questions justes et vraies à travers des films… et on l'accompagne par un colloque académique pour mieux cerner les défis à venir, aussi bien pour l'Orient que pour l'Occident. Le Fifog est également présent en Algérie à travers des stages pour les jeunes cinéastes, pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Notre présence en Algérie est avant tout acquise grâce à un partenaire sérieux, crédible et travailleur avec des perspectives d'avenir prometteuses. Depuis des années, on travaille avec le Festival annuelle du film amazigh dirigé par Si El Hachemi Assad. Notre activité est essentiellement à caractère formatrice. Après des ateliers de formation en matière de critique, nous avons monté des ateliers de réalisation avec des professionnels suisses. Là aussi, on a eu un soutien auprès de la ville de Genève, de l'ambassade suisse en Algérie et du département des Affaires étrangères suisses. Le résultat est impressionnant. On a formé 50 stagiaires et réalisé 5 courts métrages et ce, en une semaine. Ces films seront projetés au prochain Fifog. Nous espérons que cette relation de confiance entre le Fifog et le Fcafa puisse aller plus loin. Nous faisons confiance à notre partenaire qui continue, après notre départ, à suivre les stagiaires et les encadrer et à poursuivre leur formation. Nous avons un même objectif : aider le cinéma algérien à redécoller.