Objectif n C'est aujourd'hui que prend fin le Festival international du film oriental de Genève, un rendez-vous cinématographique annuel visant à promouvoir l'image arabe. Entamé le 7 avril, la 4e édition du festival international du film oriental de Genève (Fifog) a vu la programmation d'une quarantaine de films et a permis au public suisse de découvrir la cinématographie arabe dans sa diversité esthétique et thématique. S'exprimant sur la façon dont ce festival se tient, Tahar Houchi, directeur artistique du festival affirme : «Le festival a retrouvé sa vitesse de croisière. Il répond à une attente. Il comble un vide.» Et d'ajouter : «A l'heure des incompréhensions, de la propagation de faux prophètes et de leurs idéologues aussi bien en Orient qu'en Occident, le Fifog vient apporter la preuve par l'image que le dialogue a toujours existé, il existera toujours et c'est l'unique solution pour mieux vivre ensemble et relever le défi du siècle.» Cela revient d'emblée à dire que le festival cherche à encourager les regards croisés et à privilégier les échanges interculturels en Suisse. «Nous avons étalé notre palette de films. On a beaucoup privilégié les inédits et les premières… Autre point important, un prix symbolique pour encourager les jeunes et promouvoir le court métrage», a-t-il indiqué. Interrogé sur la façon dont le choix des films se fait, Tahar Houchi a expliqué : «On fixe d'abord des axes de travail qui deviennent des sections. Ensuite, on cherche des films qui répondent à notre attente.» Ainsi, la programmation se fait au fil des découvertes, des coups de cœur, des propositions… Tahar Houchi a, ensuite, précisé que «le festival est passé de 8 à 50 films. De 100 à 1000 spectateurs puis à 1750, et ce dans une ville de 300 000 habitants et contenants plus de cinq importants festivals de cinéma. » Il est à souligner que ce festival a une particularité : il s'étale, outre Genève, sur plusieurs villes. «Le festival va à la rencontre du public. Nous prêchons l'ouverture, l'intégration. Dans ce sens, nous essayons de trouver un autre public dans d'autres villes et d'autres pays. Ainsi nous avons des projets avec le festival du film amazigh en Algérie et le festival du film de l'intégration de Valence en Espagne.» Sur les ambitions du festival international du film oriental, Tahar Houchi a relevé : «Le festival ambitionne de montrer des films de jeunes réalisateurs, un autre visage de l'Orient et de consolider les liens culturels entre l'Orient et l'Occident.» Et d'ajouter : «Le festival est porteur d'un projet socio-culturel dont la perspective est d'encourager la diversité culturelle, de promouvoir la création cinématographique, d'offrir un espace d'expression aux cinéastes d'Orient, de montrer des films souvent inédits, d'éclairer des aspects méconnus de l'espace arabe et musulman, de promouvoir l'interculturalisme et le multiculturalisme, d'inciter à une meilleure connaissance mutuelle et un partage des savoirs, et, enfin, de favoriser l'intégration des migrants et mettre en lumière leurs apports dans la société d'accueil.» l Pourquoi un autre festival à Genève ? Tahar Houchi explique : «La Suisse accède à moins de 1% de la production cinématographique du monde musulman. Les projections ont lieu dans le cadre de festivals comme celui de Fribourg, Locarno et Black-Movie. Il est fréquent que certains films arrivent en Suisse plusieurs années après leur sortie en France. Les courts métrages sont quasiment absents. Les salles n'ont pas assez de public pour programmer ce genre de films. Mais ce même public est mobilisable pour des manifestations ponctuelles. Il est regrettable de ne pas voir ces œuvres, travail d'une jeunesse dynamique et vigoureuse, qui dessine l'avenir de la région. Le festival entend offrir une vitrine à ces cinémas que les autres festivals relèguent souvent à des sections parallèles, à quelques rares projections.» S'exprimant sur les objectifs de ce festival, le directeur artistique a relevé que ce rendez-vous a pour souci de promouvoir le dialogue, de construire des ponts culturels comme il constitue une meilleure façon de faire connaître les jeunes talents. «En Suisse, plusieurs festivals montrent des films de cette grande et vaste région, mais il s'agit souvent des films de réalisateurs connus. Il importe aussi de faire connaître des talents émergents. Nous souhaitons donner la visibilité aux jeunes cinéastes dont les œuvres dessinent et façonnent l'avenir.» Ainsi, le Festival continue à explorer les sociétés du Machrek et du Maghreb, à montrer des films de fiction, des documentaires et des courts-métrages inédits ou peu connus en Suisse.