Tout autant que l'olivier, le cerisier et le figuier représentaient, il y a peu, un moyen de subsistance non négligeable, aux paysans de la haute Kabylie. Ceux qui en possèdent actuellement en tirent des bénéfices substantiels. Si le premier est localisé au fond des vallées, le second au contraire ne s'accommode que des hauteurs et des terrains humides. Des conditions favorables, réunies par la région d'Aïn El Hammam qui, dans un passé récent, était l'une des plus grandes productrices de cerises du pays. Ce qui n'est plus le cas, ces dernières années, où la plupart des vergers arrivent, tout juste, à satisfaire la consommation familiale. Les raisons de ce recul ne sont point le fait de la négligence des paysans mais plutôt de l'influence d'un parasite, le capnod, qui s'attaque à tous les arbres à fruits à pépins, particulièrement les cerisiers. C'est au sortir de l'hiver, en période de floraison, que nous avons remarqué que certains cerisiers ont raté le rendez-vous alors que les autres présentent un aspect rabougri. Le phénomène se généralise, d'une année à l'autre, au point où des cerisaies entières ont disparu, laissant place au chêne vert et au maquis. Depuis son apparition il y a plus de dix ans, le capnod, ne cesse d'affaiblir les vergers et d'en réduire les récoltes. D'après des connaisseurs, l'insecte, à l'origine du mal, pond ses œufs au niveau des racines qui serviront, plus tard, à nourrir les larves. Le cerisier donne alors des signes de faiblesse. Ses branches s'atrophient une à une, jusqu'à ce que l'arbre entier dépérisse au bout de trois à quatre années. Le coût du traitement préconisé deux fois l'an ( mai et juillet) est si cher que les paysans n'y ont recours que pour sauver deux à trois cerisiers, en déboursant 2500 DA environ pour une boîte de produit permettant de traiter deux sujets seulement. Rares sont les arbres qui, de par leur rendement, peuvent amortir les coûts de l'investissement. D'autant plus que sans un traitement systématique de toute la région, l'arboriculteur est contraint de renouveler l'opération chaque année, faute d'être envahi à nouveau. Il appartient donc à l'Etat de s'impliquer dans la lutte contre ces parasites, avant de dépenser des sommes colossales pour la plantation d'arbres qui de toute façon seront à la merci de toute sorte de maladies.