Après deux années d'attente, le sort des bénéficiaires est toujours en suspens. La situation, qualifiée d'insolite, a jeté un grand trouble parmi les habitants de la commune de Fil-Fila. Mystère ! Deux années après, les pouvoirs publics viennent d'annuler l'attribution d'une soixantaine de logements ruraux à Bouzaâroura, sur les hauteurs de Oued Leksob à l'est de Skikda. Les bénéficiaires, choqués, n'ont trouvé qu'une solution : squatter ces logements, estimant que c'est leur bien. Entre-temps, les rumeurs les plus folles courent au sujet de ces logements, et le silence des pouvoirs publics ne fait qu'aggraver la situation. Que cache donc Bouzaâroura ? Et pourquoi évite-t-on de rassembler les bénéficiaires pour leur expliquer les motifs de cette destitution, si motif il y a ? Les bénéficiaires, s'estimant lésés, déclarent : « Nous avons bénéficié de ces logements en 2006, et ce après avoir accompli toutes les formalités d'usage. Nous avons fait l'objet d'enquêtes administratives et sécuritaires, payé nos droits et contracté légalement l'aide de l'Etat. Chacun sait à ce sujet que l'aide de l'Etat n'est accordée qu'après enquête approfondie sur tout postulant. Après deux années d'attente, et au moment où nous nous attendions à réceptionner enfin nos logements, une correspondance émanant de la daïra de Skikda est venue, le 26 mars dernier, nous informer que la liste des bénéficiaires a été annulée. Imaginez notre déception et notre colère. On a d'abord refusé d'accuser réception et on a délégué deux bénéficiaires afin de tenir une réunion avec madame le chef de daïra qui, sans jamais expliquer sa démarche, s'est contentée de nous déclarer que c'est elle qui avait validé la liste, et c'est encore elle qui l'a annulée ». Les attributaires, ou ex-attributaires n'ont pas trop attendu pour squatter les logements non encore finis. Rencontrées sur les lieux, des mères de famille ont tenu à crier haut et fort pour dénoncer ce qu'elles qualifient de hogra. « Pourquoi s'amuse t-on avec nos sentiments ? Pourquoi nous donner un espoir pour venir après nous frustrer ? Pourquoi ceux qui ont manigancé pour bénéficier d'un logement ne sont pas inquiétés ? Pourquoi s'attaquer aux pauvres ? » s'écrie l'une d'elles. D'autres, en pleurs, ajoutent : « Nous sommes allées jusqu'à vendre nos bijoux et voilà le résultat. En tout cas, nous ne comptons pas laisser d'autres personnes s'approprier nos biens ». Les bénéficiaires ont tenté, à plusieurs reprises, de comprendre le pourquoi de cette décision, sans jamais parvenir à trouver de réponse. Ils ont même tenu un sit-in devant le siège de la daïra et adressé une lettre au président de la République. Ils tiennent tous à leur bien et se disent prêts à tous les combats. Par ailleurs, nous avons tenté, deux jours durant, de joindre madame le chef de daïra, qui était absente « pour des considérations professionnelles », nous a-t-on informé. Entre-temps, cette situation, pour le moins insolite, a jeté un grand trouble dans la paisible commune de Fil Fila, où se livre aujourd'hui un véritable remake fait de « bruits et chuchotements ». C'est un véritable « pavé dans la mare », et plusieurs questions restent en suspens. Pourquoi annuler ce qu'on a validé deux années durant ? L'attribution serait-elle entachée d'irrégularités ? Dans ce cas, la faute incomberait à ceux qui ont confectionné et validé la liste, la CNL y compris. Y aurait-il des intrus dans cette liste ? Si oui, pourquoi ne pas assainir et permettre aux plus méritants de disposer de leurs logements ? Le mystère demeure entier en attendant que les pouvoirs publics décident d'intervenir.