La grève du pain s'installe à son tour, mais c'est toute la vie qui s'arrête dans ce minuscule territoire occupé par Israël. Ghaza : De notre correspondant L'embargo féroce imposé par l'Etat hébreu à la bande de Ghaza où vivent 1,5 million d'êtres humains, qui subissent une punition collective de la part d'un Etat qui se réclame comme étant une oasis de démocratie dans une région qui n'a connu que des dictatures, paraît loin d'être levé. De jour en jour, les misères des Ghazaouis s'intensifient, au point que l'on peut qualifier ce qui se passe à Ghaza de tous les termes, sauf de vie humaine moderne. La poursuite de la fermeture de tous les terminaux frontaliers et la non-livraison par Israël de carburant à la bande de Ghaza, depuis plusieurs semaines d'affilée, crée des situations inimaginables, mais, surtout, insupportables. L'aspect général de la ville de Ghaza, ville principale de cette enclave minuscule qui ne dépasse pas 360 km2, laisse croire qu'elle vit sous couvre- feu continu. Aujourd'hui, les rues, qui dans un passé récent, étaient pleines de véhicules de toutes sortes, au point qu'elles en paraissaient étroites, sont presque vides. Le manque de carburant, essence et gaz oil, a mis à l'arrêt forcé plus de 90% du parc automobile. Plus de 70% des ambulances et des véhicules de pompiers ne sont plus de service pour la même cause, ce qui met en danger toute personne nécessitant des soins d'urgence. Le peu de voitures qui circulent dans la bande de Ghaza sont des véhicules particuliers et des taxis, que les propriétaires ont réussi à faire rouler au gaz butane utilisé dans les cuisines, dont Israël a aussi limité au minimum la livraison. Certains ménages commencent d'ailleurs à manquer de gaz butane, sans lequel il est très difficile de préparer la nourriture quotidienne. L'huile végétale, eh oui ! l'huile végétale, pour les moteurs diesel, est l'autre combustible qui permet aux véhicules de rouler. Il en a découlé une forte augmentation du prix de ce produit indispensable. Certains spécialistes affirment que c'est la première fois que l'huile végétale est utilisée à travers le monde comme carburant, en remplacement du gaz oil, avec tous les dangers qu'il peut représenter pour la santé publique. L'huile végétale, qui n'est pas totalement combustible, dégage des matières hautement cancérigènes dans les gaz d'échappement, sans parler de l'odeur suffocante de ces gaz. Au passage de l'un de ces véhicules, on a l'impression d'avoir affaire à une gigantesque friteuse, et non pas à un moyen de locomotion pour êtres humains. Les répercussions de cette situation miséreuse sont un grand manque au niveau des moyens de locomotion et une augmentation vertigineuse des prix à payer lorsque l'on a la chance d'en trouver. Ainsi, la vie des étudiants et des écoliers en a été fortement perturbée. La majorité d'entre eux font le chemin à pied, même si les distances à parcourir sont grandes. D'autre part, plusieurs boulangeries ne sont plus fonctionnelles et la crise du pain s'installe lentement, mais sûrement. On peut aussi évoquer le problème d'approvisionnement des citoyens en eau potable, dont les coupures sont de plus en plus fréquentes. Mais un danger imminent, qui a commencé à s'installer en certains endroits, est l'inondation des rues par les eaux usées. L'arrêt des stations de pompage menace l'ensemble de la population d'épidémies diverses auxquelles elle aura beaucoup de difficultés a faire face, surtout que beaucoup de médicaments se font de plus en plus rares et de plus en plus chers sur le marché. les tentatives de la police locale relevant du gouvernement du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Ghaza depuis le mois de juin 2007, d'utiliser certains de leurs véhicules, qui ne semblent pas touchés par la pénurie, en guise de transports en commun gratuit, ne règle en rien cette situation dramatique. Nombreux sont ceux qui refusent ce service gratuit qui, selon eux, ne vise qu'à améliorer la popularité du mouvement islamiste. Tous les secteurs de l'économie de l'étroite enclave ont été touchés, en particulier celui de l'agriculture. La diminution des quantités de produits agricoles dans les marchés a contribué à faire flamber les prix. Des exemples comme ceux évoqués sont multiples. La catastrophe qui touche les citoyens ghazaouis peut facilement être imaginable lorsque l'on sait que 80% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Dans une situation pareille à celle vécue à Ghaza, l'assassinat de militants armés et les massacres de citoyens civils par la machine de guerre israélienne deviennent un simple détail sur lequel personne ne s'atarde. La dernière tuerie israélienne a eu lieu la semaine passée dans la région de Beït Hanoune, au nord de la bande de Ghaza, où une roquette de mortier, qui a atteint une modeste maison, a tué une femme et ses quatre enfants âgés de 1 à 6 ans, alors qu'ils s'apprêtaient à prendre leur petit déjeuner. L'armée israélienne et le sort ont voulu que ce soit leur dernière réunion en ce bas monde, dans lequel les Palestiniens se sentent ignorés. Quant aux assassinats des résistants, ils se poursuivent sans relâche, malgré l'acceptation, à l'image du Hamas, par toutes les factions armées, d'une trêve de 6 mois qui débute dans la bande de Ghaza. Un militant du Hamas accusé par Israël d'être impliqué dans l'enlèvement du soldat Gilad Shalit, détenu par le mouvement islamiste depuis l'été 2006, a été tué jeudi par les éclats d'une roquette air-sol, tirée par un drone, alors qu'il circulait à pied dans le camp de réfugiés de Rafah, au sud de la bande de Ghaza.