Triana d'Alger a offert une fiesta tout à casser...la baraque, jeudi dernier, à l'auditorium du Théâtre de verdure Laâdi Flici, et ce, sous les auspices de l'établissement Arts et Culture. Et pour cause ! Triana d'Alger célébrait l'anniversaire de ses quinze ans de carrière avec toutes ses dents de jeune loup croquant dans la pomme de la concorde d'une formation qui tient toujours la route. Celle des gens du voyage. Des gypsys ! Aussi, les gitans d'Alger ont emmené et transporté un public en or acquis à leur charme latino, andalou... La preuve ! Après un warming, le fan-club, pour ne pas dire le femme-club, s'est déchaîné, déhanché et éclaté, sur la playlist de Triana, concoctée pour la circonstance. C'était vraiment caliente, show bouillant d'énergie débordante à en revendre, quoi ! Ainsi, le big band de onze musiciens aussi talentueux que subtils (une dream team de football qui gagne), sous la houlette de la fratrie Bentayeb Mahdi et Samir (venue spécialement d'Arles, près de Marseille, pour souligner cet événement) communiera avec les aficionados sur les chansons de son frais et émoulu album tout show, encore une fois, intitulé Morena (brune ou bien zerga dans le jargon raï). L'auditoire, très remuant, se délectera avec des titres comme celui éponyme Morena, une belle reprise de Lili Boniche, une ballade bossa nova-gypsy, une ode, une déclaration et une déclamation d'amour ardente à l'endroit des brunettes, une nouvelle version de Hramt Rouhi Men Koul Nassouan du regretté cheb Hasni rebaptisé Caminando (chemin) mêlant raï-romance, riffs pop galvanisés, steels de Trindad et Tobago, accords acoustiques pas du tout en désaccord avec l'esprit du raï-love de Hasni et puis la voix posant un phrasé personnel et personnalisé de Mahdi, le bel conto de Triana, un hommage à la mamy du raï rural, cheikha Rimitti, à travers une cover revisitée du tube Nouar en mouture alaoui-gypsy-choral et surtout electro. L'intro de Nouar sur l'album Morena est typiquement raï pionnier de Bellemou de par un solo de trompette nostalgique. Une invitation à se défouler et fouler le dancefloor, la travée squattée par les gitanes et les gitans ayant consumé et consommé une bonne bouffée d'oxygène et de décibels insufflés de par la « smala » Triana ayant fait un véritable tabac et qui retiendra la nuit avec d'autres titres Ya Leil, Mira Nwasik Ya Galbi ou encore Labinia. Les onze joueurs finiront la soirée pour une prolongation en guise d'after au Club 15 pour un mini-concert improvisé sous l'impulsion d'un mécène et grand ami des artistes : Karim.