Le seul édifice public susceptible d'abriter une manifestation culturelle se trouve paradoxalement fermé sans que personne ne s'en émeuve. Construite en plein centre-ville d'Aïn El Hammam, la salle de cinéma appelée jalousement « Djurdjura », est peut-être, en train de subir le même sort que l'ancienne église, sur les ruines desquelles elle fut construite dans les années soixante-dix. Depuis plus d'une dizaine d'années, pour des raisons obscures de bail signé entre l'APC et un locataire privé, les portes de ce qui fut un temple de la culture, demeurent désespérément closes au grand dam de la population. Les quelques timides tentatives de récupération de la structure par les défuntes APC se sont avérées vaines. Entre-temps, le bâtiment se dégrade chaque jour un peu plus. Les carreaux cassés par les badauds ont sonné le glas de la destruction. Les infiltrations d'eau de pluie, endommageant le plafond et la salle des machines, transformées en vespasiennes, ajoutées au manque d'entretien des tentures, des sièges et des murs capitonnés ont achevé le travail, entamé par les casseurs. Du coup, les nombreux citoyens avides de culture se demandent s'il y a une raison importante pour qu'un bien de l'Etat tombe en ruines sans que personne ne lève le petit doigt. D'après les spécialistes, pour construire de nos jours un tel édifice, il faudrait des milliards, des fonds que la commune d'Aïn El Hammam ne pourra jamais mobiliser. L'inexistence d'infrastructures culturelles, maintes fois dénoncée, n'a pas attiré l'attention de ceux dont la tâche est de remédier à la situation. L'absence de manifestations culturelles à l'ex-Michelet ne reflète, aucunement, le niveau de culture de ses habitants. Au contraire, ils sont nombreux les artistes (poètes, cinéastes, écrivains et autres) à s'exprimer, sous d'autres cieux, faute de cadre adéquat dans leur ville natale. Notons qu'à l'occasion des campagnes électorales, les portes de la salle s'ouvrent pour permettre aux responsables politiques de s'adresser à la population, avec la promesse, jamais tenue, de réhabiliter les lieux.