La tournée des Abranis a commencé avec un concert au théâtre de Verdure et se poursuivra avec quelques haltes dans quelques wilayas du centre du pays. Le come-back des Abranis a été une réussite. Le concert donné jeudi, au théâtre de Verdure (Alger), a offert l'occasion aux admirateurs du groupe rock des sixties d'apprécier une équipe qui est sur le retour. Karim Abranis, l'enfant prodige de Tifilkout à Illilten (Tizi Ouzou), ne peut rien envier aux jeunes de la scène rock actuelle, bien qu'il se soit départi de son accoutrement de l'époque : même travail éclectique et toujours ce tempo soutenu qui ne laisse guère indifférent. Deux de ses enfants, Yuva et Belaïd, l'épaulent dans son travail. Celui affublé du prénom de Billy par ses collègues de la radio Chaîne II a su ainsi apporter au répertoire du paternel cette insoupçonnable touche de modernité. Le suspense de départ, imposé par les techniciens du théâtre de Verdure, laissera place à une débauche de couleurs mêlées à des sonorités rock-pop. Le répertoire, par lequel s'est fait connaître le groupe, a été repris avec ce clin d'œil intéressé pour les musiques du terroir ; même les choristes, rarement sollicitées par le groupe, furent intégrées. Tout y passe : Id Dwas, A Yemma, chenagh le blues ou encore Avehri furent reprises en chœur par un public composé, pour la plupart, de jeunes. Autant dire que les mordus du bassiste de Aïn El Hammam n'ont pas tous vieilli, et que les chansons se sont bonifiées avec le temps. Malgré toutes ces années, le groupe, qui s'est renouvelé avec le départ précipité de plusieurs de ses membres et l'entrée de nouveaux autres, enchaîne des succès. Guère rétro, la manière de jouer du groupe colle à un rock qui fait le pied de nez aux préjugés et porte haut la revendication des Amazighs. Un hommage a été rendu à ceux qui ont marqué de leur empreinte cette culture que l'on a voulu mettre au rancart. Slimane Azem, Mouloud Mammeri, Matoub Lounès ou encore Mohia, dont Karima dira le grand mérite, ont vu leurs portraits défiler sur l'écran géant aménagé à l'occasion. Au moment d'interpréter Lynda, chanson évoquant l'amour désespéré, le rocker rejoindra les gradins et s'y retrouvera « coincé ». Difficile a été pour lui de rejoindre la scène, chacun cherchant à lui tirer un autographe ou une photo. Billy a su lui « donner la réplique » sur scène avant de reprendre le « témoin » et d'interpréter, durant la pause, quelques chansons de son cru. La touche paternelle y est à coup sûr. Aussi, l'équipe musicale n'est pas celle qui l'a accompagné sur scène lors de son retour sur les ondes de la radio Chaîne II, le maire a été retenu par ses « affaires », et Arezki Baroudi par le décès de son père. Un album du groupe sortira dans les bacs à la fin de l'année, promet-on. Mais en attendant, la tournée, qui a commencé par un concert le 12 juin au théâtre de Verdure, se poursuivra avec un gala le 18 juin à Boumerdès, un autre le lendemain à Tizi Ouzou, le 23 juin à Béjaïa, le 24 à Sétif, le 25 à Bordj Bou Arréridj, et enfin le 26 juin à Bouira.