Le premier des trois ateliers régionaux à l'intention des associations de chasseurs s'est tenu à Témouchent. Les deux autres auront lieu au centre et à l'est du pays. Ils ont pour objet de débattre des modalités d'application de la nouvelle loi n° 04-07 du 14 août 2004, une loi censée soustraire définitivement le secteur cynégétique de l'imprévoyance et garantir la sauvegarde du patrimoine par la mise en œuvre d'une nouvelle politique de préservation et de développement durable. Mais, assurément, la disposition la plus importante de cette loi concerne la privatisation de la chasse. En effet, jusqu'à présent, seuls les chasseurs des associations locales qui pratiquent cette activité au titre d'un hobby, avaient droit de chasse. Cette survivance de l'économie administrée, est-il indiqué, est révolue. Dans cette perspective, et pour conforter l'un des aspects de la chasse en tant qu'activité lucrative, la nouvelle loi encourage la création d'agences touristiques spécialisées dans la chasse touristique. Cette disposition a fait réagir le représentant des chasseurs d'El Bayadh à l'éventualité de voir les émirs du Golfe obtenir une concession sur des territoires, ce qui est désormais possible grâce au système d'amodiation. En effet, celui-ci, en accordant une concession de chasse sur un territoire donné, en réserve un droit d'usage exclusif aux membres de l'association ou à la clientèle de la société qui l'aura amodié. Aussi, de façon à régir le nouveau système de chasse, pas moins de 28 textes d'application vont être arrêtés. Ce considérable nombre de textes laissés à la discrétion de l'exécutif a d'ailleurs fait tiquer les membres de l'APN lors de la discussion de la loi. Aussi, lors de la réunion de Témouchent, le président de la Fédération nationale des chasseurs a-t-il exhorté les associations de wilaya à renouveler leurs bureaux et à adapter leurs statuts pour obtenir de nouveaux agréments avant le 31 mars 2003 : « Il faut maintenant s'unir parce que la chasse d'antan, partout et n'importe quand, c'est fini ! Le secteur privé va nous prendre de vitesse et se choisir les territoires les plus giboyeux. Avons-nous les moyens de résistance face à sa puissance ? Actuellement, nous n'avons aucune chance. Nous devons et défendre nos intérêts et penser en tant que mouvement associatif à défendre le capital cynégétique face à un privé qui n'aura pour objectif que le profit. » A cet égard, à travers une circulaire interne, l'administration des forêts se plaint de la défaillance d'un mouvement associatif qui n'existe pas dans les faits puisque ses membres se distinguent par une indiscipline caractérisée et un tempérament individualiste très marqué. En conséquence, le principe d'amodiation, tel qu'il devra être mis en place, projette leur implication plus directe dans la gestion du plan de chasse et le développement du capital gibier et du gardiennage. De même, selon la même circulaire, les nouvelles dispositions devront pallier le fait que le personnel forestier a toujours rechigné à effectuer ses missions de répression et de lutte contre le braconnage, « à telle enseigne qu'il a perdu courage pour la poursuite des délits et infractions, pour la simple raison que ces derniers restent impunis pour de multiples raisons, dont notamment celles liées à l'origine même du braconnier ou à un dysfonctionnement des services concernés. La forte pression qu'exercent les braconniers sur le cheptel cynégétique et l'avènement d'une race de chasseurs "viandards" et obsédés uniquement par des tableaux de chasse, augurent mal une préservation des potentialités cynégétiques ». Cependant, pour d'aucuns, la démarche empruntée pour amorcer le débat souffre un criant déficit. En effet, ils n'étaient pas nombreux les débatteurs qui avaient connaissance de la loi nouvelle et de ce qu'elle implique pour intervenir en connaissance de cause. Par ailleurs, le bon sens aurait voulu qu'il y ait auparavant des débats au sein des associations de wilaya avant d'aller à des débats régionaux. Toujours est-il qu'un séminaire national est programmé autour précisément des textes d'application qui seront d'ici là finalisés. C'est à ce moment qu'il y aura certainement un véritable débat.