Un commando de taliban a libéré, vendredi soir, plus de 1000 détenus dans le sud de l'Afghanistan, au cours d'une attaque associant camion piégé et assaut contre la prison de Kandahar, dont au moins 15 gardiens ont été tués. « Plus de 1100 détenus ont réussi à s'enfuir », a déclaré le général Carlos Branco, porte-parole de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan. « Les forces de sécurité afghanes, associées aux soldats de l'Isaf, ont bouclé la zone et en ont repris le contrôle. Toutes les capacités de l'Isaf sont mises en œuvre pour retrouver les évadés », a ajouté le général Branco. « Les forces de sécurité afghanes ont lancé une vaste chasse à l'homme pour retrouver les évadés. Elles passent la ville au peigne fin, ainsi que les routes principales et secondaires », a indiqué le ministre adjoint de la Justice, Mohammad Qasim Hashimzai. La prison de Sarposa hébergeait plus de 1000 détenus, selon Kaboul, dont au moins 400 taliban présumés, a précisé une source anonyme des services de renseignement. « Il y avait plus de 1000 détenus dans la prison. La plupart d'entre eux se sont enfuis », a encore précisé le ministre adjoint de la Justice. Les circonstances de l'assaut n'étaient pas encore totalement éclaircies hier matin, mais à la faveur de la nuit, vers 22h, au moins un kamikaze a précipité un véhicule piégé contre la porte d'entrée de l'établissement, ouvrant une large brèche dans le mur d'enceinte, selon les autorités. Le commando a ensuite pris d'assaut la prison, à l'arme légère et au lance-roquettes. Au moins quinze gardiens ont péri au cours de l'attaque, selon les autorités afghanes. « Nous avons découvert les corps de 15 gardiens dans les décombres, et il pourrait y en avoir encore d'autres », a expliqué Ahmad Wali Karzaï, qui dirige le conseil de la province de Kandahar et, est l'un des frères du président Hamid Karzaï. Dans la ville de Kandahar, de nombreuses patrouilles de policiers et de soldats afghans fouillaient systématiquement les véhicules. L'attaque a été revendiquée par les taliban. « Nous avons d'abord lancé deux véhicules bourrés d'explosifs, dont un camion-citerne, contre le mur d'enceinte », a révélé un porte-parole des taliban, Yousuf Ahmadi. « Ensuite, nos moujahidine, pilotant des motos, ont pénétré dans la prison et tué les gardes de sécurité. Nous avons réussi à libérer tous les prisonniers, parmi lesquels nos frères taliban », a assuré le porte-parole. La province de Kandahar est le berceau des taliban et demeure aujourd'hui encore, l'un de leurs bastions. La prison de Kandahar avait été le théâtre en mai dernier, d'une grève de la faim de quelque 400 taliban présumés, pendant huit jours. Les détenus affirmaient ne pas bénéficier d'un procès équitable et être victimes de tortures et, selon un parlementaire qui les avait rencontrés, une cinquantaine d'entre-eux s'étaient cousu les lèvres en signe de protestation. Les taliban ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001, par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis. Ils revendiquent depuis le début de l'année des opérations de plus en plus spectaculaires, comme l'attentat visant le 14 janvier, l'hôtel Serena, le plus luxueux de Kaboul, situé devant le palais présidentiel, ou la tentative d'assassinat du président Hamid Karzaï lors d'un défilé militaire le 27 avril dernier. L'attaque de la prison se démarque toutefois de ces deux précédentes opérations par le fait qu'elle constitue un « succès indéniable », et non un acte de propagande masquant un échec militaire, selon une source militaire occidentale. Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans en Afghanistan, malgré la présence de 70 000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain.