L'ONG Human Rights Watch a demandé lundi l'ouverture d'une enquête indépendante pour déterminer pourquoi au moins 72 civils ont été tués en Libye à la suite de raids aériens de l'Otan "visant des cibles non clairement définies". "L'Otan a pris d'importantes précautions afin de minimiser le nombre des victimes civiles pendant sa campagne de Libye, mais il est nécessaire que des informations soient données et que des enquêtes soient menées pour expliquer pourquoi 72 civils ont été tués", a déclaré Fred Abrahams, conseiller spécial à Human Rights Watch et auteur principal du rapport publié lundi à Bruxelles. Ce rapport de 76 pages examine en détail huit raids aériens de l'Otan pendant la campagne de Libye qui ont fait 72 morts parmi les civils, dont 20 femmes et 24 enfants, selon HRW. Selon l'ONG, l'Otan n'a toujours pas reconnu que ses attaques aériennes en Libye ont fait des dizaines de victimes dans la population civile et n'a pas non plus enquêté sur la possibilité que certains de ces raids puissent avoir été illégaux. "Seules les attaques sur des cibles militaires sont permises par le droit international et dans certains cas, de graves questions restent posées sur la nature réelle des cibles que l'Otan visait", affirme HRW dans son rapport. La campagne militaire de l'Otan en Libye, effectuée de mars à octobre 2011, avait reçu du Conseil de sécurité de l'ONU le mandat de protéger les civils des attaques des forces de sécurité de l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Le nombre des civils tués dans les raids aériens de l'Otan en Libye est resté bas compte tenu de l'ampleur des bombardements et de la longueur de la campagne, a admis Human Rights Watch. Néanmoins, souligne le rapport, l'absence d'une cible militaire clairement définie dans sept des huit sites visités par Human Rights Watch suscite l'inquiétude quant à la possibilité que les lois de la guerre aient été violées et cette question doit faire l'objet d'une enquête. "L'Otan a fait tout ce qui était possible pour minimiser le risque de toucher des civils mais dans une campagne militaire complexe ce risque ne peut jamais être zéro", s'est justifié l'Otan dans un communiqué. "Nous regrettons profondément toute victime civile dont l'Otan pourrait être responsable", a ajouté l'Alliance atlantique dans un communiqué. L'Otan a également souligné que toutes les cibles visées durant la campagne de Libye étaient des "cibles militaires légitimes" et accusé le régime de Mouammar Kadhafi d'utiliser des infrastructures civiles pour mener des actions militaires.