La capitale libyenne a été la cible de plusieurs raids de l'Otan, huit au total, alors que les combats se durcissent entre loyalistes et rebelles dans l'est du pays. Les raids de cette nuit auraient notamment eu pour cible un bâtiment utilisé par les renseignements militaires, un immeuble gouvernemental ainsi qu'un complexe où se trouvaient des membres de la famille Kadhafi. Selon Tripoli, quatre enfants auraient été blessés lors des bombardements. Des forces au sol ont tenté de répliquer à l'arme lourde contre les avions de l'Otan. Mais l'organisation s'est défendue contre toute intensification de son action pour appuyer une rébellion qui peine à s'imposer face aux forces de Kadhafi. «Nous continuons d'appliquer la même stratégie : réduire autant que possible la capacité du régime de Kadhafi à frapper les civils», a soutenu la porte-parole adjointe de l'Otan, Carmen Romero. Depuis deux mois, quelque 2260 frappes ont été menées en sol libyen, des actions que l'Otan affirme conformes à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU. Mme Romero, qui rejette l'hypothèse de l'enlisement, a avancé plutôt que l'Otan, par ses raids, a «réussi à empêcher le régime de masser des troupes et des armes pour lancer une attaque à grande échelle». Elle faisait en quelque sorte écho à la suffisance dont a fait preuve le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen qui, sur les ondes de CNN, a déclaré que la partie «était terminée pour Kadhafi». Sur un autre front, des avions de l'Otan ont bombardé à quatre reprises des dépôts d'armes libyens au sud-est de Zentane, dans le Djebel Nefoussa. «Le site comporte 72 entrepôts au sous-sol et en béton armé. Un autre porte-parole de la rébellion a indiqué que les avions ont effectué des frappes à Tamina et Chantine, à l'est de Misrata, où les insurgés tentent de résister, dans ce qui demeure la seule ville de l'ouest encore contrôlée par les rebelles. De violents combats ont eu lieu dans la ville de Misrata et à l'aéroport, selon deux porte-paroles rebelles. Sur le front est, 57 membres des forces fidèles à Kadhafi ont été tués et 17 véhicules militaires détruits lors d'importants combats à l'ouest d'Adjedabia, selon un chef militaire rebelle. L'ONG Human Rights Watch a accusé les forces gouvernementales d'avoir lancé des «attaques à l'aveuglette répétées» sur des quartiers résidentiels des villes de Nalout, Takout et Zentane. La guerre a tué des milliers de personnes et entraîné la fuite de dizaines de milliers de migrants. Plus de 746 000 personnes auraient fui la Libye, a estimé Baroness Amos, la vice-secrétaire générale de l'Onu chargée des Affaires humanitaires. Seule bonne nouvelle sur le plan humanitaire, un navire affrété par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pu accoster hier à Misrata. Il transporte du matériel médical destiné à l'hôpital, des pièces détachées nécessaires à la remise en l'état des systèmes d'approvisionnement en eau et en électricité, et des aliments pour bébés destinés à la population civile. Cependant, le CICR s'est déclaré préoccupé par des informations récentes selon lesquelles l'emblème de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge serait utilisé à des fins militaires en Libye. Par ailleurs, l'Otan a fait savoir qu'elle enquêtait sur un article du Guardian selon lequel des unités de l'alliance n'auraient pas porté secours à un bateau de migrants en difficulté, parti de Libye, et dont 62 occupants ont fini par mourir de faim et de soif. Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies a appelé les pays européens à intensifier les efforts pour secourir les migrants qui tentent de fuir la Libye à bord d'embarcations dangereuses et surchargées. Côté diplomatie, l'initiative est revenue à l'Union africaine. Ses officiels sont décidés à solliciter le soutien de Ban Ki-moon pour l'instauration d'un cessez-le-feu, en marge de la Conférence de l'Onu sur les pays les moins avancés (PMA) qui se tient à Istanbul, en Turquie.