Plusieurs milliers de personnes ont marché jeudi à Bamako pour soutenir l'envoi d'une force armée ouest-africaine appuyant les soldats maliens afin de reconquérir le nord de leur pays occupé par des groupes islamistes, auteurs de nombreuses exactions au nom de la charia (loi islamique). Cette manifestation s'est tenue alors qu'un projet de résolution, proposé par la France à ses partenaires au Conseil de sécurité de l'ONU, presse l'Afrique de l'Ouest et l'Union africaine (UA) de préciser dans les 30 jours les modalités d'une intervention dans le nord du Mali. Tout au long de la marche dans le centre de Bamako, les manifestants ont affirmé leur soutien à l'armée malienne, au Premier ministre Cheick Modibo Diarra et à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui prépare l'envoi de soldats dans le Nord avec le soutien de l'ONU et de pays occidentaux. Sur une banderole était écrit: "Capitaine Sanogo, tous les militaires au front". Le capitaine Amadou Haya Sanogo est le chef des auteurs d'un coup d'Etat à Bamako qui, le 22 mars, a renversé le président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le capitaine Sanogo s'est retiré du pouvoir en avril, mais reste influent à Bamako où ses hommes sont accusés de nombreuses atteintes aux droits de l'Homme. "La place des militaires, c'est le front, tous les militaires doivent y aller", a estimé un des manifestants, un autre affirmant: "Je soutiens l'armée malienne, l'arrivée de troupes de la Cédéao, je soutiens une intervention". Selon lui, depuis que le président français François Hollande est arrivé au pouvoir en mai, "la situation a changé, il soutient le Mali, et nous lui disons merci". Les marcheurs ont défendu la laïcité du Mali, fustigé les groupes islamistes, l'application de la charia dans le Nord, mais aussi la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui avait lancé l'offensive dans cett région en janvier. D'abord allié aux groupes islamistes armés, le MNLA a ensuite été rapidement évincé du nord du pays par ces groupes.