Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a appelé jeudi les hommes du savoir, les intellectuels, les hommes de lettres et des arts, les journalistes et toutes les composantes de la société algérienne ainsi que sa jeunesse douée de conscience et de détermination à "oeuvrer à la réalisation de l'unité maghrébine" tel que l'a rêvée Ben Badis et que l'ont voulue les Chouhada (martyrs). Dans son allocution à l'occasion de la tenue du 10e colloque de la fondation "Cheikh Abdelhamid Ben Badis", lue en son nom par M. Mohamed Ali Boughazi, conseiller auprès de la présidence de la République, M. Bouteflika a souligné à l'adresse de ces intellectuels "nous oeuvrerons, dans la mesure du possible, à leur assurer les conditions favorables pour qu'ils trouvent la place qui leur sied dans leur pays et qu'ils s'associent aux générations d'avant-garde de l'Algérie dans l'édification du projet de société maghrébine que nous rêvons de réaliser ensemble. Dans tous les cas, l'occasion leur sera offerte de servir de façon positive le Maghreb arabe et de contribuer, d'une façon ou d'une autre, à son progrès". L'érudit Ben Badis, a ajouté le président de la République "croyait en l'unité identitaire, linguistique, culturelle, religieuse, historique et en la communauté de destin des peuples des pays du Maghreb arabe". Pour le Président Bouteflika, Cheikh Ben Badis "a consacré son temps et sa vie à la contribution aux espaces en relation avec les questions et le devenir du grand Maghreb à travers ses travaux intellectuels, culturels, religieux, littéraires, éducatifs ainsi que le militantisme politique et de libération avec les différents moyens dont il disposait et de par des positions fermes, les conférences, les cours et les écrits qu'il a réalisés car il considérait les pays du Maghreb arabe comme un seul pays et leurs populations un seul peuple". Dans ce contexte, le Président Bouteflika a rappelé les propos de Cheikh Ben Badis qui avait affirmé que "lorsque nous visitons l'histoire, nous découvrons que ce Maghreb arabe est lié par des liens spirituels et matériels solides qui traduisent visiblement son unité. Nous ne parlons pas de l'histoire ancienne mais nous feuilletons une page de l'histoire moderne". Le grand savant Ben Badis, a poursuivi le Président Bouteflika, "n'a cessé de défendre ces valeurs avec courage et force tout au long de sa vie avec des positions audacieuses et fermes avec lesquelles il avait fait face aux détracteurs de cette démarche parmi les enfants du Maghreb et du Machrek". De la même façon, a estimé le président de la République, "Ben Badis a condamné avec vigueur l'administration française en Algérie, en Tunisie et au Maroc et son gouvernement de Paris pour son ingérence dans les affaires éducatives, religieuses, la liberté d'expression et les affaires internes etc...". Pour Cheikh Ben Badis, a remarqué le Président Bouteflika, la réforme éducative, religieuse, sociale et politique dans ces pays signifie "la réforme de tous tandis que le sous-développement et l'inertie nuisent à la société". Cheikh Ben Badis et ses compagnons, a poursuivi le président de la République, "enduraient les épreuves et oeuvraient avec sincérité et courage défiant le colonialisme et ses agents afin de secouer le peuple et le sortir de sa léthargie pour qu'il se soulève, brise les chaînes et libère son pays et les hommes avec le slogan que ne cessait de répéter Cheikh Ben Badis « les circonstances peuvent nous inciter à nous adapter mais ne peuvent, avec l'aide de Dieu, nous détruire ». Après avoir souligné que le peuple a contribué à enrichir la pensée maghrébine, arabe, islamique et universelle, durant les époques anciennes, moyennes et modernes, le Président Bouteflika a estimé que "le fait de suivre l'époque ne signifie pas le rejet de notre passé et le reniement de nos illustres savants et de nos origines ou de minimiser notre rôle dans l'édification de l'unité du Maghreb arabe". Le grand savant Ben Badis, a estimé le président de la République "était un défenseur de l'identité nationale et maghrébine dans ses dimensions linguistique et religieuse et au plan de l'appartenance civilisationnelle tout comme il luttait contre les fléaux sociaux conscient qu'il était que le plus grave fléau qui peut détruire une société et la réduire à néant est celui de l'ignorance notamment des questions politiques et d'appartenance civilisationnelle", ajoutant que ces fléaux "sont générateurs de discorde, d'effritement, de division, de dénaturation, de paupérisation et de dépendance et destructeurs de l'entité de la Nation". L'unité des peuples du Maghreb arabe à laquelle avait appelé Cheikh Ben Badis depuis le début du XXe siècle, a rappelé le Président Bouteflika, "ne relève pas des simples mécanismes, institutions, partis, médias, liberté d'expression, droits de l'homme et société civile dans chacun des pays du Maghreb (...) mais signifie une culture commune, diversifiée et riche qui transparaît dans les comportements quotidiens des individus et des groupes dans les pays du Maghreb arabe". Ce comportement, a ajouté le Président Bouteflika, est visible "à travers le respect d'autrui, l'acceptation de la diversité et des différences, la conduite du dialogue par les voies pacifiques, en toute liberté, l'égalité devant la loi, la tolérance, la concertation, la justice, la dignité humaine, la préservation des droits fondamentaux, la jurisprudence et la garantie de la liberté d'expression et de la pensée". Le président de la République a exhorté les enfants d'Algérie à "acquérir la science et la connaissance et à faire montre de patriotisme". "L'amour de a patrie n'est-il pas un acte de foi et la quête du savoir une dévotion?", s'est-il interrogé. Il a qualifié, dans le même contexte, les jeunes d'Algérie de "jeunes prometteurs porte-flambeaux de la paix, du rayonnement, de civilisation et d'humanisme, de compétents, fidèles et sincères, dépositaires du message sacrifiant tout ce qu'ils possèdent pour la fierté et la dignité de l'Algérie". Après avoir souligné les réalisations effectuées dans le pays dans différents secteurs depuis le recouvrement de l'indépendance nationale et les étapes considérables franchies sur la voie de l'édification du projet à la fois de l'Etat et de la société, le président de la République a affirmé que cela "nous incite à considérer avec beaucoup de considération et de fierté l'expérience actuelle de l'Algérie qui est le résultat de succès et d'échecs, d'épreuves et de défis, d'efforts considérables et de sacrifices colossaux qui ont abouti à l'étape que nous vivons avec grande conscience et sagesse et une ferme détermination à aller de l'avant avec fermeté et constance vers un avenir prospère". Le président de la République a, dans ce contexte, salué les "acquis réalisés dans notre pays", les considérant comme "une expérience riche et pionnière comparativement à de nombreux pays qui nous ont précédé dans ce domaine sans avoir subi les épreuves que nous avons endurées et durement vécues". "Nous sommes conscients que c'est là une expérience qui doit être enrichie, approfondie et développée, une expérience qui mérite d'être soutenue et préservée pour atteindre les objectifs de progrès et de développement et afin de rester attaché à l'authenticité, aux constances, et aux racines tout en étant conscients de la nécessité de se hisser aux exigences de l'époque et de la modernité imposées par la mondialisation".