La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a fustigé lundi à Genève l'échec du Conseil de sécurité à porter le cas syrien devant la Cour pénale internationale, le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Vuk Jeremic, dénonçant pour sa part un "carnage". "Depuis près de deux ans, la communauté internationale n'a pas réussi à mettre un terme au carnage", a déclaré M. Jeremic, s'exprimant lors de l'ouverture de la principale session annuelle du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. "La cessation immédiate des hostilités devrait être notre première priorité. Elle doit être suivie d'un processus politique qui permettrait aux citoyens de la Syrie de déterminer librement le cours de leur avenir politique", a-t-il poursuivi. Il a par ailleurs lancé un "appel humanitaire" auprès des parties impliquées dans "la guerre civile syrienne" afin qu'elles cessent les combats de façon "immédiate", alors que le conflit a fait près de 70.000 morts depuis son commencement il y a près de deux ans selon l'ONU. De son côté, Mme Pillay, a souligné que la Cour pénale internationale (CPI) ne peut intervenir que si l'Etat concerné figure parmi les 122 Etats parties au Statut de Rome ou si une situation lui est soumise par le Conseil de sécurité. "Le Conseil de sécurité a jusqu'ici échoué à l'égard de la Syrie, malgré les rapports récurrents faisant état de crimes généralisées ou systématiques ainsi que de violations et émanant de mon bureau, de la commission d'enquête internationale sur la Syrie, des organisations de la société civile", a déclaré Mme Pillay. Dans son dernier rapport publié le 18 février, la commission d'enquête -- dont le mandat doit prendre fin à l'issue de l'actuelle session du Conseil des droits de l'homme le 22 mars -- a accusé les deux principaux protagonistes de crimes de guerre. De son côté, le ministre suisse des Affaires étrangères, Didier Burkhalter, a dénoncé lundi à Genève la "catastrophe humanitaire" en Syrie et a invité les pays à prolonger le mandat des enquêteurs "afin de s'assurer que violations du droit international soient documentées". Le chef de la diplomatie suisse a par ailleurs une fois de plus exhorté le Conseil de sécurité à saisir la CPI. Le 14 janvier, un groupe de 57 pays mené par la Suisse avait déjà demandé dans une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU de saisir la CPI.