RAMALLAH (Palestine occupée) - Des colons israéliens ont tenté de mettre le feu mardi avant l'aube à une mosquée du nord de la Cisjordanie occupée endommageant l'intérieur du lieu de culte, selon des sources de sécurité palestiniennes. Les vandales ont brûlé des pneus dans la mosquée du village d'Al-Moughayer, au nord-est de la ville de Ramallah, endommageant des tapis de prière. Ils ont peint sur les murs "Prix à payer pour Aleï Aïn", nom d'une colonie sauvage dont le démantèlement avait été accompagné de heurts avec des policiers israéliens la semaine dernière, et des étoiles de David et des inscriptions anti-arabes sur des murs avoisinants, selon ces sources. Une porte-parole de l'armée a confirmé la tentative d'incendie, indiquant que l'administration militaire avait été saisie d'une plainte des habitants et que la police avait dépêché sur place une équipe de l'identité judiciaire pour relever des indices. Des colons extrémistes pratiquent depuis des mois une politique de représailles systématiques --dite du "prix à payer"-- qui consiste à attaquer des cibles palestiniennes chaque fois que les autorités israéliennes prennent des mesures contre la colonisation sauvage. Dans un communiqué, l'Autorité palestinienne a estimé que "les autorités israéliennes ne peuvent pas continuer à fermer les yeux (sur ces agissements), ce qui revient à donner une impunité aux colons pour qu'ils poursuivent leurs attaques". L'Autorité a appelé la communauté internationale à "réclamer des comptes à Israël". Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a "condamné fermement cet acte criminel qui a visé par le feu et par des graffiti racistes sur les murs une maison de Dieu", y voyant "l'expression du racisme sioniste". De leur côté, les autorités israéliennes ont vivement dénoncé cette profanation qualifiée "d'ignominie dans un but provocateur" par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, alors que le ministre de la Défense Ehud Barak assurait que l'armée "mettra la main sur les auteurs de cet acte scélérat" dans des communiqués. L'incendie volontaire a été aussi condamné par le président du Conseil des implantations juives en Cisjordanie (Yesha), Danny Dayan, qui l'a qualifié d'acte "odieux et imbécile" à la radio publique. Dénonçant "les actions provocatrices et menaçantes d'Israéliens extrémistes", le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, a pris acte de la condamnation par les autorités israéliennes de l'attaque. Mais M. Serry a exhorté le gouvernement israélien à "faire en sorte que les responsables répondent de leurs actes et à protéger les droits humains des Palestiniens et leur propriété, y compris les sites religieux". Plusieurs mosquées en Cisjordanie occupée ont été la cible depuis deux ans d'attaques similaires. La dernière en date remonte à octobre quand une mosquée du sud de la Cisjordanie avait été endommagée par un incendie perpétré par des colons. Ces actions ont été systématiquement dénoncées par les autorités israéliennes et le rabbinat. Des enquêtes ont été ouvertes et dans certains cas des suspects ont été placés en garde à vue, mais sans aboutir à des condamnations, faute de preuve.