CORDOBA (Argentine) - Les trois grands favoris de la Copa America par leur prestige et leurs effectifs n'ont fait que des nuls en deux journées: entre stars absentes et jeu déficient, l'Argentine, le Brésil et à un degré moindre l'Uruguay s'engluent dans la crise. L'explosion de joie du banc brésilien samedi est le meilleur des trompe-l'œil: Fred arrachait l'égalisation à la dernière minute contre le Paraguay (2-2). Cela ne trompait pas la presse brésilienne. "Déception et crise", titrait le journal O Globo, tandis que le site Lance! comparait la Seleçao aux équipes nationales de volley (finaliste du Mondial) et de football féminin (demi-finaliste du Mondial), "qui ont tout pour offrir un plus beau jeu que celle de Mano Menezes". Cruel, au pays du Roi Pelé ! Les supporteurs brésiliens ont, eux, scandé le nom de Dunga, le prédécesseur de Menezes, pourtant si honni quand il était en fonction. Le Brésil rejoignait l'Argentine comme équipe inoffensive. Les deux sélectionneurs réclament de la patience. Mano Menezes avance qu'il porte "un nouveau projet qui génère une certaine instabilité", et remarque que son équipe "s'améliore". Certes, après un 0-0 contre le Venezuela, considéré comme le Petit Poucet continental... Sergio Batista pour sa part n'arrive pas à faire coïncider son discours et les prestations de son équipe. "On n'attendait pas ce genre de match", déplorait-il après le triste 0-0 contre la Colombie. Il abat sa dernière carte lundi, en passant d'un 4-3-3 à un 4-2-3-1 chamboulant son secteur offensif (Di Maria, Agüero et Higuain à la place de Tevez, Lavezzi et d'un milieu défensif). Echecs collectifs, et échecs individuels. Neymar, superstar du Brésil à 19 ans, a plus fait frétiller sa crête que ses fans, au sein d'un quatuor qui se cherche encore. Pato se bat, mais a peu de ballons exploitables, et Ganso a relevé la tête (2 passes décisives) mais n'est pas encore le N.10 annoncé. Jadson a remplacé Robinho, et a tout juste sauvé sa médiocre mi-temps par un but, sans convaincre. Robinho, qui n'est pas entré en jeu samedi et a quitté le stade irrité: un autre problème à gérer pour Menezes. Car de nul en nul, le moral s'effiloche dans les groupes. En Argentine, Messi n'a pas justifié son statut de meilleur joueur du monde et s'est vu attaquer de toutes parts, y compris au sein de son équipe (les insultes de Burdisso). Le débat sur son entourage persiste. Diego Maradona est venu à son secours: "Ce n'est pas que l'équipe le fasse mal jouer, mais elle ne lui offre pas d'options". Tevez, l'autre star argentine, est quant à lui resté transparent. Concernant l'Uruguay, 4e du dernier Mondial, sa pièce-maîtresse Forlan ne joue (bien) qu'une mi-temps par match, et Cavani n'affiche pas son niveau napolitain. Seul Suarez paraît à la hauteur. Les trois grands (36 tournois continentaux remportés sur 42) demeurent confiants: une victoire lors du 3e match et c'est une autre compétition qui commence. "Lors de la dernière journée, les grandes puissances ne flanchent jamais", a prévenu le sélectionneur du Paraguay, Gerardo Martino. Dans le cas contraire, ce serait un séisme.