Si Lakhdar a donné naissance à une vraie légende dans la wilaya IV. Cet illustre combattant de la liberté, né le 6 février 1934 à Lakhdaria (ex-Palestro), est de devenu un mythe à la tête d'une unité de choc dans la zone I de la wilaya IV. Ami compagnon d'un autre baroudeur célèbre, Ali Khodja Mustapha, ils sont chargés tous les deux de former des unités de moudjahidine dans l'axe Lakhdaria-Aïn Bessam. Dès l'âge de vingt ans, il est au maquis pour se voir rapidement propulsé à la tête d'un commando d'élite. Il est capitaine en octobre 1956. En 1958, il devient membre de la wilaya IV en tant que commandant. Si Lakhdar tomba au champ d'honneur le 5 mars 1958, au djebel Boulegroune dans le sud de la wilaya de Médéa. Aujourd'hui, des moudjahiddine, ses compagnons, en parlent. Mustapha Blidi raconte : « Au djebel Boulegroune, dans la région de Souagui, au sud-est de Médéa, Si Azzedine, malgré sa blessure, a rassemblé le commando pour une réunion avant de répartir les sentinelles ». La scène a eu lieu le 5 mars. La pluie ne cessait de tomber. « Les soldats ennemis sont passés à l'offensive vers 6 heures. Vigilants, Hocine Kouar et Beryanou, de son vrai nom Ali Yahi, postés en sentinelles sur les contreforts montagneux, donnent l'alerte. Leurs fusils jappent. Il n'en faut pas plus pour que le commando passe à l'action. Il accepte l'escarmouche, mais se méfie de l'accrochage », témoigne-t-il avant de poursuivre : « les forces adverses sont en nombre et le combat tournerait vite en leur faveur. Ils viennent de partout, de Champlain, de Aïn Bessam, Thlata Djouab, de Bouskene... Ils se déploient en éventail qui va bientôt nous encercler ». La bataille ne fait que commencer. L'artillerie enflamme le ciel et fait trembler le sol. Le ciel s'étant dégagé, l'aviation se met de la partie et noie la zone sous des gerbes de napalm. DES HARKIS À LA RESCOUSSE DES SOLDATS FRANÇAIS « Le commando Si Abdelaziz, promu l'avant-veille au grade de capitaine, est blessé alors que Si Lakhdar, gravement touché, gisait sur un brancard de fortune. Si Abdelaziz, en plus de sa blessure de la veille, a reçu neuf éclats d'obus au niveau des reins. Nous avions décroché vers 17 heures. La nuit tombante et le temps orageux ont considérablement favorisé notre repli vers Ouled Znim ». Mais dans leur retraite, ils ont été surpris par une embuscade tendue par une unité de Chérif Ben Saïdi et son adjoint Hama, des harkis qui connaissent aussi bien le terrain que « nos techniques de combat », se souvient Mustapha Blidi. L'accrochage est inévitable. L'affrontement a rapidement tourné « à notre avantage et le commando a vite fait de les mettre en déroute ». Arrivés à Oued Znim, témoignent ses compagnons, Si Lakhdar a été installé dans une maison pour recevoir des soins. A son chevet, Si Azzedine et Si Abdenour. Le commandant réclamait son arme, une carabine. « Si Azzedine, recommandait-il avec insistance, surtout ne me laisse pas tomber entre les mains de l'armée française ! » Son ami porta la main dans le dos pour le mettre un peu plus à l'aise. C'est alors qu'il sentit des gros caillots de sang coagulé. Si Lakhdar, dans un soupir rauque, rendit l'âme. Si Lakhdar fut enterré au petit matin dans la plus grande discrétion, loin des regards des djounoud, dans le jardin d'un villageois. Celui-ci, redoutant une perquisition de l'armée d'occupation, a pris l'initiative de le déterrer et de réinhumer dans la berge de la rivière qui coulait plus bas. Mais le soir venu, le mauvais temps persistant, le même paysan, craignant cette fois-ci une crue de rivière, a décidé de retirer le cadavre pour l'enterrer à l'endroit où il repose jusqu'à ce jour. Après l'enterrement de Si Lakhdar à Ouled Znim, les moudjahidine se sont rendus à Ouled Bouachra où tombera, quelque temps plus tard, le colonel Si M'Hamed Bougara, lui qui fut très affecté par la mort de Si Lakhdar.