DES WALIS POINTES DU DOIGT Première remarque, première cible : les walis. Mohamed Seddiki a indiqué que les leaders des partis politiques n'ont pas eu tous droit au même traitement de la part de ces derniers. Il a avancé des noms. Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, respectivement SG du RND et du FLN. Ces derniers sont accueillis, selon lui, non en tant que secrétaires généraux, mais en tant que Premier ministre et ministre de l'Etat et ex-chef du gouvernement. Autrement dit, un traitement de faveur qu'impose leur fonction. Pour Mohamed Seddiki, les premiers magistrats des wilayas se doivent d'avoir un seul comportement envers tous les partis politiques sans exclusion aucun. « Tous les candidats doivent bénéficier du même accueil. Ce traitement de faveur n'a pas raison d'être. Celui qui a peur du peuple n'est pas digne de gouverner ce pays », a soutenu Mohamed Seddiki, avant de qualifier cette attitude de contradictoire avec la loi électorale. Autre grief : « certains walis ne veulent pas reconnaitre la commission nationale de surveillance des élections », affirme M. Seddiki. Notons, dans cette optique, que le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia avait interpellé les walis sur l'impérieuse nécessité d'offrir tous les moyens nécessaires à même de faciliter le travail des membres de l'instance afin d'assurer le bon déroulement du prochain scrutin. « Cette façon de faire dénote de la manière la plus claire qu'il y a un manque flagrant dans l'application de la loi », estime le président de la Cnsel. CHARGE SUR LE RND, LE FLN, LE MSP ET LE PT Le président de la commission ne le cache pas : le RND, le FLN et le Parti des travailleurs (PT) ont bel et bien commis des « dépassements flagrants » lors de la campagne. Mohamed Seddiki reproche au RND et FLN l'utilisation des moyens de l'Etat comme le recours aux bus de transport appartenant au ministère de la Solidarité nationale pour assurer le déplacement de leurs militants. Le président de la Cnsel accuse aussi ces deux partis et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de vouloir s'approprier toutes les réalisations du pays. « Ces projets sont réalisés grâce à la rente pétrolière, donc l'argent du peuple, et ne sont nullement l'œuvre de personnes ou de partis politiques », observe M. Seddiki. Selon lui, la Commission nationale de supervision des élections a été avisée pour prendre les mesures qui s'imposent. Pour lui, la justice doit jouer son rôle et prendre les décisions nécessaires pour remettre de l'ordre. Pour ce qui est de l'affichage anarchique, Mohamed Seddiki n'épargne pas, également, le RND, le FLN mais aussi le PT. Ces trois partis sont, a-t-il souligné, entièrement responsables de cette image on ne peut plus hideuse. Sinon « 90% des partis ont respecté la loi concernant ce volet », a-t-il annoncé. Et d'avancer deux raisons justifiant le retard accusé dans le lancement de la campagne d'affichage. Primo : le retard dans l'attribution aux partis politiques des numéros nationaux des bulletins de vote, dont le tirage au sort n'a été effectué que deux jours avant le lancement officiel de la campagne électorale. Seddiki a affirmé que ni sa commission, ni le ministère de l'Intérieur préoccupé à cette période par l'étude des recours concernant les listes électorales, n'en sont responsables. Deusio : le manque de moyens financiers chez les partis, ceux de l'opposition, notamment. « Il y a des partis politiques riches qui ont des milliards pour faire face aux frais de l'impression et d'autres n'ont pas les moyens nécessaires, afin d'entamer à temps leur campagne d'affichage », a-t-il argué. NON... NOUS N'AVONS PAS SAISI BOUTEFLIKA La CNSEL et le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ont mené, dernièrement, une « bataille sans merci » pour définir le bulletin de vote à adopter le jour du scrutin. La CNSEL a défendu l'idée d'aller vers un bulletin de vote unique capable, selon elle, d'empêcher la fraude et par ricochet, instaurer la transparence des élections. Une proposition rejetée et dans le fond et dans la forme par le département de Dahou Ould Kablia. Sur le fond, la loi organique 12/01 du 12 janvier 2012 relative au régime électoral énonce dans son article 32 qu'« il est mis à la disposition de l'électeur, le jour du scrutin, des bulletins de vote dont le libellé et les caractéristiques sont définis par voie réglementaire », avait précisé le ministère. La commission, par la voix de son président avait, alors, refusé d' abdiquer en annonçant qu'elle saisira le chef de l'Etat, afin d'y intercéder. Mais voilà, que l'instance de Mohamed Seddiki n'a pas, depuis, interpellé le président de la République. Pourquoi ? « Nous savions d'avance que notre requête n'aboutira pas », a-t-il fait savoir non sans souligner que ce n'est que partie remise. « Nous allons revenir à la charge lors des prochaines échéances pour revendiquer la nécessité d'aller vers l'adoption de ce bulletin unique ». Sinon, le président de la Cnsel a mis en avant les différents acquis obtenus, jusque-là, par la commission à l'image de l'utilisation d'urnes transparentes, la présence des membres des commissions de wilaya et communales lors de l'opération de dépouillement des voix et la transmission, par l'administration, des procès-verbaux aux membres de la commission. RADIO ET TELEVISION ... ACCABLEES Le président de la Cnsel, n'a pas mâché ses mots envers l'Entv. Il a déploré son « favoritisme » dans la manière de couvrir les activités des partis politiques lors de cette campagne. Il a souligné que cette entreprise, chargée pourtant d'offrir un service public aux citoyens, est loin d'être « neutre » et travaille pour deux partis politique et lèse, de la façon la plus éclatante, d'autres formations. « La télévision ne laisse pas ces derniers s'exprimer à leur guise et procède à la censure », affirme-t-il. Même « traitement de faveur » pour la Radio qui fait, selon ses dires, de la politique de deux poids deux mesures, sa règle en matière de couverture médiatique de la campagne. Or, cette dernière « doit traiter sur un pied d'égalité tous les partis politiques ». Il faut noter que plusieurs candidats n'ont pas manqué de monter au créneau, en dénonçant le favoritisme de l'ENTV et son parti pris. Sur l'absence des partis sur les passages radiophonique, Mohamed Seddiki estime que sa commission n'a rien à avoir avec cette question purement « technique » qui est interne aux partis. FAUX BULLETIN ... L'AFFAIRE ENTRE LES MAINS DE LA JUSTICE Un fait. Un faux bulletin de vote portant le n°40, au nom de l'Alliance de l'Algérie verte a circulé, dernièrement, lors d'un meeting de cette coalition organisé à Tiaret. Un acte qui a soulevé des vagues au sein des partis politiques en lice pour les législatives. S'agit-il là d'une tentative de fraude ? Pas de réponse pour le moment. Ce qui est sûr : « l'affaire est entre les mains de la commission nationale de supervision des élections. Celle-ci a ouvert une enquête pour faire jaillir la lumière sur ce procédé et déterminer le responsable », a indiqué Mohamed Seddiki. Taher Habechir, membre de la commission, a soutenu, pour sa part, qu'il ne s'agit nullement « d'un jeu d'enfant » et que le coup « est visiblement calculé ». Celui-ci n'est pas allé par quatre chemins pour qualifier de « déplorable » ce procédé qui aura, « une influence négatif sur le déroulement des élections ». Pour lui, les responsables doivent être punis. DISCOURS RELIGIEUX... PAS DE PREUVES Pour Mohamed Seddiki, Il n'a ya pas de preuves accusant les formations d'obédience islamiste au sujet de l'usage de la religion dans la campagne électorale. « Nous n'avons pas de preuves », dit-il. Et d'avertir, tout de même, les partis islamistes quant à l'utilisation de cette dernière dans leurs discours électoraux. « La loi sur les partis est claire : l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques est bannie », observe-t-il. Mais pour le moment, « les partis concernés ont nié catégoriquement ces remarques. Et celui qui a des preuves tangibles n'a qu'à les présenter », a ajouté Seddiki. DESINTERESSEMENT DES CITOYENS... UN SERIEUX COUAC Le désintéressement des citoyens pour la chose politique n'est pas passé inaperçu lors de cette campagne électorale. Pour le président de la Cnsel, c'est un sérieux problème qui risque de peser lourdement lors des prochaines élections. Cet état de fait s'explique, selon lui, par au moins deux principales raisons. Premièrement : la fermeture des champs politique et médiatique pendant des années. Deuxièmement : la situation sociale précaire caractérisée par un pouvoir d'achat en dégradation constante, la crise de logement, le chômage, etc. Mohamed Seddiki a estime que cette situation n'est pas pour inciter les citoyens, découragés par des promesses sans lendemains lors des précédentes échéances.