Désignée sous le nom de shûji (apprentissage des lettres) ou celui plus noble de shodô (littéralement la voie de l'écriture), la calligraphie est un art qui reste populaire au Japon. C'est ce qui ressort en filigrane de la conférence qu'a animée, en cette fin de semaine à l'Hôtel Mazafran, Koshun Masunaga, grande maîtresse du genre. L'histoire de la calligraphie japonaise remonte aux environs de 1700. « Nos ancêtres qui ne possédaient pas de lettres ont introduit des lettres chinoises, et c'est à partir de l'écrit chinois que nous avons produit des lettres à caractère japonais. Nous utilisons les lettres chinoises et japonaises, et avec cette combinaison, on écrit en exprimant nos idées et pensées aux autres, à l'instar de ce qui se fait ailleurs dans le monde ou chez d'autres peuples. On a commencé à mettre l'accent sur notamment la beauté des cultures », a-t-elle déclaré en substance. La calligraphie dépend donc profondément, au départ, de modèles chinois. Elle évolue, par la suite, vers un style japonais propre, indique-t-on, avec notamment la création des caractères simplifiés dits kana. Ces caractères forment deus alphabets syllabaires qui viennent compléter les caractères chinois, souligne-t-on. Car ces derniers sont, en réalité, peu adaptés à la langue japonaise, qui comporte beaucoup d'homophones, mais pas d'accentuations différentes pour les distinguer. En outre, les kana permettent une plus grande souplesse d'écriture et une certaine sensibilité dans la littérature, explique-t-on. Influencée par des courants philosophiques tels que le confucianisme ou le taoïsme, la calligraphie va aussi être associée au zen et gagner une place importante dans d'autres disciplines artistiques telles que la cérémonie du thé, les arts martiaux, l'arrangement floral ou encore la peinture, assure-t-on. « Présentement, il y a plusieurs écoles de la calligraphie, chacune d'elles avec son style et son sens développé. Nous avons introduit cette calligraphie dans la vie, pour que l'enfant puisse faire, tôt, sa formation personnelle. Il y a aussi des associations et des amateurs de calligraphie et pas mal de concours organisés à l'effet », a indiqué Koshun. De plus, avec l'influence de la beauté moderne, il y a de plus en plus de tendances libres et ses nouveaux styles. « On écrit sur ordinateurs, mais pas au pinceau ; on doit, certes, s'adapter à cette nouvelle tendance, mais il faut toujours garder à l'œil ce qui a été acquis au fil de l'histoire, et continuer nos activités avec cet esprit là », a préconisé la conférencière. Pour rappel, Koshun Masunaga est une artiste calligraphe japonaise, née en 1941. Après avoir étudié au Gakusho-in, et devenue indépendante du cercle de calligraphie, en 1987, elle établit le style « Souboku », qui montre l'éclat de la vie et son énergie dynamique. Epanchant ses idées et son âme d'un seul coup de pinceau, Koshun a réussi à établir ce monde classique et traditionnel de Sumi ou encre japonaise en un art moderne et contemporain. Elle reçoit des prix d'excellence pour ses œuvres exposées au Japon et dans d'autres pays étrangers, ce qui lui a permis de participer à plusieurs expositions internationales.