Pour l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, l'initiateur de la conférence, les Syriens décideront seuls de la mise en œuvre de ce processus politique, y compris de l'avenir de leur président. « C'est leur affaire », a-t-il lâché en doutant que ces derniers « choisissent des gens ayant du sang sur les mains pour les diriger ». L'accord prévoit que le gouvernement transitoire d'union nationale exercera les pouvoirs exécutifs. Il pourra inclure des membres du gouvernement actuel et de l'opposition et d'autres groupes sur la base d'un consentement mutuel. M. Annan a, en outre, indiqué que les participants se sont entendus sur « les étapes et les mesures » pour garantir l'application complète du plan en six points et les résolutions, adopté le 12 avril, par le Conseil de sécurité en vue d'un cessez-le-feu entre l'armée et l'opposition. Premier concerné avec le gouvernement syrien, le Conseil national syrien (CNS), principal organe de l'opposition établi à l'étranger, constate « quelques points positifs » bien qu'il reste, selon sa porte-parole, Bassma Kodmani, dans l'ensemble, « trop vague ». Mme Kodmani, s'est néanmoins félicitée « que les participants se soient mis d'accord pour dire que la famille Assad ne peut plus diriger le pays et qu'elle ne peut donc pas conduire la période de transition ». Toujours est-il, ce nouveau plan demeure très implicite pour entrevoir une action réelle et immédiate, a-t-elle estimé, réitérant l'opposition du CNS au fait que l'arrêt de la violence ne soit pas un préalable au processus politique. Dans l'espoir de présenter un front uni pour mener la transition, le CNS et plusieurs factions de l'opposition syrienne se réunissent aujourd'hui et demain au Caïre avec les chefs de la diplomatie des pays membre du Conseil de sécurité de l'ONU sous l'égide de la Ligue arabe. Après avoir failli provoquer l'échec du nouveau plan de Koffi Annan, en s'opposant farouchement à l'imposition du départ du président Al Assad comme condition préalable à la transition, Moscou demeure inflexible. « Une transition du pouvoir en Syrie doit être décidée par les Syriens », a martelé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en précisant que son pays avait convaincu d'autres grands pays qu'il serait « inacceptable » d'exclure un quelconque groupe du processus de transition. Il a rappelé hier, que l'appel au départ du président syrien n'est pas évoqué dans le document final. La Russie serait également prête à accueillir le prochain round de négociations internationales sur la crise « si des progrès sont réalisés lors de la réunion de Genève », jugent certaines analystes russes. Dans le camp d'en face, l'on célèbre déjà la « fin » de la dynastie alaouite au pouvoir à Damas. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré que cet accord ouvre « la voie à l'ère post-Assad », en annonçant la soumission du document prochainement au Conseil de sécurité de l'ONU. « Assad doit partir », a-t-elle réaffirmé en arguant que son maintien plongerait les pays voisins, voire toute la région, dans l'« instabilité ».