Le médiateur onusien, Kofi Annan avec le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi (Archives) Cette visite à Téhéran intervient au lendemain d'une rencontre à Damas entre M.Annan et le président syrien Bachar Al Assad qui ont convenu d'une nouvelle «approche» de la crise. L'émissaire pour la Syrie Kofi Annan s'est entretenu hier en Iran, solide allié de Damas, des moyens de mettre un terme à la crise en Syrie, au moment où des navires de guerre russes se dirigeaient vers le port syrien de Tartous, base navale de Moscou en Méditerranée. Cette visite intervient au lendemain d'une rencontre à Damas entre M.Annan et le président syrien Bachar Al Assad qui ont convenu d'une nouvelle «approche» de la crise. Malgré la multiplication des réunions et des déclarations, les violences ne faiblissent pas à travers le pays. La Russie, acteur incontournable sur le dossier syrien qui refuse jusqu'à présent de lâcher le régime du président Bachar Al Assad, a appelé à une nouvelle réunion du «Groupe d'action» sur la Syrie. La dernière réunion de ce groupe fin juin à Genève a prôné un processus de transition prévoyant la formation d'un gouvernement réunissant des représentants du pouvoir et de l'opposition, sans mentionner le départ d'Assad réclamé en préalable par l'opposition. Or le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a rappelé hier son refus de toute négociation sur une transition avant le départ du président contesté, un point qui sera évoqué lors de la visite aujourd'hui du chef du CNS Abdel Basset Sayda à Moscou à la tête d'une délégation. Poursuivant ses efforts quelques jours après avoir reconnu l'échec de sa mission, Kofi Annan a rencontré à Téhéran le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, qui a salué l' «impartialité» du médiateur. «Nous attendons de M.Annan qu'il mène son action jusqu'au bout pour ramener la stabilité et le calme en Syrie et dans la région», a déclaré le ministre, indiquant que «l'Iran fait partie de la solution» à la crise syrienne. M.Annan avait plusieurs fois plaidé pour que Téhéran, qui «a de l'influence» en Syrie, soit associé à la recherche d'un règlement, mais s'est heurté au refus des Américains et des Européens. Le médiateur a mis en garde de son côté contre le «risque de voir la crise syrienne échapper à tout contrôle et s'étendre à la région», estimant que l'Iran pouvait jouer un «rôle positif». Après Téhéran, il s'est rendu à Baghdad pour des entretiens également axés sur la Syrie, pays voisin de l'Irak. Lundi à Damas, M.Annan a affirmé avoir tenu des discussions très sérieuses. Il a affirmé s'être mis d'accord avec le chef de l'Etat sur une «approche» qu'il soumettra aux rebelles, sans plus de détails. L'opposition syrienne a critiqué la rencontre Annan-Assad, estimant que l'échec de la mission de M.Annan appelait une action internationale urgente et des mesures contraignantes de l'ONU pour faire cesser la répression. Officiellement accepté par le régime et par l'opposition il y a trois mois, le plan Annan est jusqu'à présent resté lettre morte. La veille de la visite de l'opposition à Moscou, un groupe de navires de guerre russes, avec à leur tête un bâtiment de lutte anti-sous-marine, a quitté hier Severomorsk (nord-ouest) pour le port syrien de Tartous, seule base navale russe en Méditerranée, selon Interfax. «Dans le port de Tartous, les navires vont faire des réserves de carburant, d'eau et de vivres», selon une source «militaro-diplomatique», précisant que l'opération «n'est pas liée à l'aggravation de la situation en Syrie». Le chef du CNS avait appelé lundi la Russie à arrêter ses livraisons d'armes au régime si elle entendait «maintenir de bonnes relations avec le peuple syrien». Quelques heures plus tard, des responsables chargés des exportations d'armes russes ont affirmé que Moscou ne conclurait pas de nouveaux contrats d'armement avec son allié syrien tant que la situation n'est pas stabilisée dans ce pays. Le conflit a par ailleurs encore débordé dans la nuit au Liban: des obus lancés du côté syrien se sont abattus sur le sol libanais après un échange de tirs nourris des deux côtés de la frontière, l'agence officielle syrienne Sana affirmant qu'une tentative d'infiltration de «groupes terroristes» en Syrie à partir du Liban a été déjouée. Il s'agit du troisième incident le plus grave à cette frontière poreuse en l'espace de deux semaines.