Un accord sur les principes d'une transition en Syrie a été obtenu, avant-hier, à Genève au cours de la réunion du Groupe d'action sur la Syrie, ouvrant la voie à l'ère " post-Assad" selon les Etats-Unis alors que la Russie et la Chine ont réaffirmé qu'il revenait aux Syriens de choisir leur avenir. La réunion de Genève a "ouvert la voie à l'ère post-Assad" et les Etats-Unis vont saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour lui soumettre cet accord, a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton dans une conférence de presse. L'accord prévoit notamment que le gouvernement de transition puisse inclure des membres du gouvernement actuel, l'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Koffi Annan, précisant ensuite qu'il doutait que les Syriens choisissent pour les diriger des personnes qui ont du sang sur les mains. L'organe de gouvernement transitoire exercera les pouvoirs exécutifs. Il pourra inclure des membres du gouvernement actuel et de l'opposition et d'autres groupes et doit être formé sur la base d'un "consentement mutuel", a ajouté Kofi Annan. " Je doute que les Syriens choisissent des gens ayant du sang sur les mains pour les diriger", a-t-il précisé dans une conférence de presse. Interrogé sur l'avenir du président syrien Bachar al-Assad, il a souligné que le document est clair sur les lignes directrices et les principes pour assister les parties syriennes alors qu'elles établissent un gouvernement de transition et effectuent les changements nécessaires. L'avenir de Bachar al-Assad " sera leur affaire", a-t-il dit. Assad doit partir selon Clinton Pour Hillary Clinton, " Assad doit partir". Elle compte faire passer son message pour l'opposition syrienne et l'encourager à suivre le plan en participant à la réunion des amis du peuple syrien qui se tiendra début juillet à Paris. Côté russe et chinois, le propos était différent même s'ils ont accepté le plan. Une transition du pouvoir en Syrie doit être décidée par les Syriens, a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ajoutant qu'aucun groupe ne devait être exclu du processus. Il a aussi réitéré son refus du recours au chapitre 7 de la Charte des Nations, qui inclut le possible recours à la force, évoqué par les Occidentaux pour faire pression sur Damas. Un plan de transition ne peut qu'être dirigé par les Syriens et être acceptable pour toutes les parties importantes en Syrie. "Des personnes de l'extérieur ne peuvent pas prendre des décisions pour le peuple syrien", a souligné le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi. Kofi Annan, l'initiateur de cette réunion au format inédit, avait mis en garde les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, les exhortant à l'unité pour trouver un accord sur la transition en Syrie, faute de quoi " l'histoire nous jugera sévèrement". Les prochaines étapes sont maintenant en principe la saisie du Conseil de sécurité pour approuver le plan et lui donner plus de poids, l'application du cessez-le-feu, la nomination d'un représentant du gouvernement actuel pour la transition et d'un interlocuteur de l'opposition. Kofi Annan a indiqué qu'il comptait se rendre à Damas "mais une date n'a pas encore été fixée". Sur le terrain, une ONG syrienne a lancé un appel au Comité international de la Croix- rouge (CICR) pour envoyer des équipes médicales dans la ville de Douma, près de Damas, théâtre d'opérations militaires d'envergure depuis le 21 juin. Aucun appel au départ d'Assad (Lavrov) La nécessité du départ du président syrien Bachar el-Assad n'est pas évoquée dans le document final adopté lors de la conférence internationale de Genève sur la Syrie, a déclaré lors d'un point de presse le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Le document n'exige pas la démission de Bachar el-Assad. La version initiale du texte contenait une clause impliquant le départ des personnes qui empêchaient la paix. Cela est contraire à l'inclusivité du processus politique en Syrie, ainsi qu'aux normes de la Charte des Nations unies sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats souverains. Cela n'est pas mentionné dans le document adopté aujourd'hui qui stipule que les Syriens doivent décider du sort de leur pays", a insisté M.Lavrov, avant d'ajouter que la version initiale avaient été modifiée à l'initiative de la partie russe. Moscou œuvre afin de persuader le régime de Bachar el-Assad de respecter le plan Annan et espère que les pays en mesure d'influencer l'opposition feront de même, a ajouté le chef de la diplomatie russe. "Bachar el-Assad, à terme, c'est fini", estime Fabius Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé, hier, que l'accord conclu la veille à Genève sur une transition politique en Syrie signifiait à ses yeux que "Bachar el-Assad, à terme, c'est fini". Fruit d'un accord "unanime" entre les diplomates du Groupe d'action sur la Syrie, dont la Russie et la Chine, ce texte "dit précisément qu'il y aura un gouvernement de transition qui aura tous les pouvoirs", a-t-il noté sur TF1. "Il est dit que (ses membres) feront l'objet d'un consentement mutuel. Jamais l'opposition ne va accepter Bachar el-Assad. Donc, ça signifie implicitement que Bachar el-Assad doit partir. Bachar el-Assad, à terme, c'est fini". "Si ce que nous avons décidé (avant-hier, à Genève) n'est pas suffisant, nous retournerons au Conseil de sécurité des Nations unies et nous demanderons l'application du chapitre VII" de la Charte de l'ONU, a-t-il poursuivi, "c'est à dire l'obligation d'appliquer ces décisions et l'obligation peut recourir à toute une série d'éléments, notamment des éléments militaires". Quelques points positifs, mais le plan est trop vague selon l'opposition L'accord de Genève sur la Syrie contient quelques points positifs, mais le plan d'ensemble est trop vague a jugé, hier, Bassma Kodmani, porte-parole du Conseil national syrien (CNS), principal regroupement de l'opposition syrienne. La déclaration finale de la réunion de Genève sur la Syrie semble suggérer quelques éléments positifs, a déclaré Mme Kodmani. Cependant, des éléments importants demeurent trop implicites et trop ambigus et le plan trop vague pour entrevoir une action réelle et immédiate, a-t-elle ajouté. Le premier élément positif est que la déclaration finale indique que les participants sont tombés d'accord pour dire que la famille Assad (du président Bachar al-Assad) ne peut plus diriger le pays et qu'elle ne peut donc pas conduire la période de transition. Le second point positif est qu'il y a accord pour dire que la transition doit répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien. "Nous sommes complètement opposés au fait que l'arrêt de la violence ne soit pas un préalable au processus politique", a ajouté la porte-parole. 30 civils tués par un tir d'obus près de Damas Sur le terrain, la répression et les combats entre armée et rebelles ont fait au moins 120 morts avant-hier, en Syrie. 30 civils ont notamment été tués par un obus alors qu'ils participaient à un cortège funéraire à Zamalka, à 10 kilomètres à l'est de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Hier matin, des bruits d'explosions résonnaient toujours à Damas, les forces du régime continuant de bombarder des localités à la périphérie de la capitale pour empêcher les manifestants de défiler, selon des militants.