Comment s'est constituée l'équipe du FLN ? L'idée est venue au défunt Mohamed Boumezrag en août 1957 lors du festival mondial de la jeunesse à Moscou. Le défunt a engagé une formation d'étudiants de l'UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens). De retour à Paris, il a contacté Abdelaziz Bentifour. Il lui a fait part de l'idée de fonder une équipe de football composée de jouers professionnels. Vers le mois de décembre 1957, il y a eu les premières réunions. Ils ont commencé après à contacter les joueurs. Les premiers contacts se sont fait avec les sociétaires de Monaco, parmi eux Kaddour Bakhloufi, Abderrahmane Boubekeur, Amar Rouaï d'Angers et Abdelhamid Kermali de Lyon. Boumezrag avait le calendrier du championnat de France. Le match Monaco-Angers regroupait cinq joueurs algériens, 4 à Monaco et Rouaï à Angers. Ils devaient se rendre en Suisse. Il y avait Saint-Etienne-Béziers avec Mekhloufi chez le premier club. Mekhloufi, Kermali et Aribi devaient se retrouver pour le départ. Il y avait le match Reims-Toulouse qui me concernait avec Mokhtar Laribi. Il y a eu le premier départ le 12 avril 1958. J'ai contacté Mekhloufi la veille du départ. Saïd Amara n'était pas encore au courant. Malheureusement, Mekhloufi s'est blessé. Les douze joueurs se sont regroupés à Tunis. Moi, je me suis fait arrêter à Genève deux jours plus tard en tant que déserteur de l'armée française. J'ai été emprisonné. Je n'ai été libéré qu'en mai 1959. C'est moi qui ai ramené le dernier groupe de joueurs avec l'aide de mon épouse. Il s'agit de Boucheche Hocine (Le Havre), Saïd Amara (Bordeaux), Bourricha Mohamed et Amokrane Oualiken (Nîmes). Nous n'avons pas pris avec nous Karroum de Troyes et Djebaïli (Nîmes). Ce dernier préparait son doctorat. Quel a été l'impact de cette équipe sur la révolution algérienne ? L'équipe a représenté dignement les couleurs nationales. A chaque tournée, nous avons fait connaître l'Algérie et la cause algérienne. Ce que nous avons vécu est merveilleux. Concernant son impact, notamment politique, je reprends ce qu'avait dit le défunt Ferhat Abbas : « L'équipe du FLN a fait avancer la révolution de 10 ans ». Pascal Bonifas, le chercheur français, quant à lui, dira que « l'équipe nationale de football du FLN a été le précurseur de la naissance d'une nation ». Au retour de l'équipe de Tunis après l'indépendance, quel a été son rôle dans le développement du football national ? Quelques joueurs sont revenus en France. Personnellement, j'ai été en Suisse, avant que je rentre en Algérie sur demande de Taleb Chaïb. J'ai été muté à Mostaganem. J'ai exercé en tant que professeur d'éducation physique. Par la suite, je me suis engagé avec l'ES Mostaganem en tant que joueur-entraîneur. Dès 1963, je n'ai plus quitté l'Algérie, à l'instar de plusieurs de mes coéquipiers. Nous avons commencé à mettre notre expérience au service du football algérien, ce qui nous a permis de former plusieurs générations talentueuses. Vous vous êtes constitués en fondation FLN. Où en êtes-vous avec la mise en place des écoles de formation à travers le territoire national ? Nous avons institué 29 écoles dans 29 wilayas. Dernièrement, nous avons parrainé un festival à Relizane avec le soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports, de la direction de la jeunesse et des sports et du ministère des Moudjahiddine. Nous avons découvert à l'occasion des prodiges pétris de qualités. Malheureusement, les clubs ne misent plus sur ces jeunots. On préfère débourser des milliards pour engager des joueurs au lieu d'investir dans la formation. Question professionnalisme, il faut une dizaine d'année pour que ça aboutisse. On doit penser à la relève. Les grandes nations de football nous ont dépassés par le sérieux et le travail. La pâte existe en Algérie. Il faut juste savoir la modeler.