Hier, l'ex-marché Clauzel à Alger centre n'a pas désempli de toute la matinée. Dans ce lieu, les étals sont bien approvisionnés en cette période d'avant le ramadan. Toute une variété de fruits et légumes frais y est disponible. Les prix, ce n'est pas encore la valse des étiquettes, du moins pour certains produits. La carotte s'affiche à 60 dinars, la pomme de terre à 30 dinars, les haricots verts à 100 dinars. La tomate se vend à 35 dinars. Même tendance ou presque pour les fruits. Les bananes varient entre 85 et 120 dinars, les pêches à 80 dinars. Le prix du melon est fixé à 100 dinars alors que celui de la pastèque est à 50 dinars. A quelques différences près, ce sont les mêmes tarifs affichés au niveau du marché couvert de Bouzrina (Basse Casbah). La carotte se vend à 50 dinars, la tomate à 80 dinars. Les haricots verts varient entre 120 et 140 dinars. Pour les fruits, les prunes sont à 100 dinars, les fraises à 75 dinars. Deux produits ont vu leur prix augmenter. Il s'agit de la salade verte qui a atteint la barre de 100 dinars et la courgette cédée à 120 dinars. Couffin à la main, une quinquagénaire s'apprêtait à faire ses emplettes estimant que les prix sont « abordables pour peu qu'ils n'augmentent pas durant le mois de ramadan », espère-t-elle. Et un autre consommateur de prédire une flambée certaine à la veille du mois sacré. Selon lui, c'est devenu coutumier qu'à chaque ramadan, les prix s'envolent sans explication valable. Un détaillant, pour expliquer une éventuelle envolée, avance la vieille rengaine, selon laquelle les prix sont soumis à la règle de l'offre et de la demande. Mieux, il se dit victime de la flambée des prix au niveau des marchés de gros. « C'est tout le monde qui nous condamne. Alors que nous ne sommes pas responsables de la hausse des prix. Il faut que les gens sachent que les détaillants achètent cher aussi. Notre marge bénéficiaire ne dépasse pas les 5 dinars pour certains produits et 10 dinars pour d'autres », explique-t-il. LES ASSURANCES « CONDITIONNEES » DE L'UGCAA Par la voix de son porte-parole, Tahar Boulenouar, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) se veut rassurant quant à la disponibilité et aux prix des produits alimentaires, fruits et légumes notamment. D'abord, la disponibilité. Selon cette organisation, « les marchés de gros seront à partir de la semaine prochaine bien approvisionnés en fruits et légumes ». C'est, d'ailleurs, la même explication donnée par Mounir Ayad, directeur général du marché de gros des Eucalyptus. Celui-ci rassure que les produits seront disponibles en quantités « largement suffisantes ». « Les prix pour le moment sont raisonnables. Si la situation du marché reste sans changement d'ici le début du ramadan, il n'y aura aucune augmentation. Et ces derniers seront abordables pour tous les ménages », observe-t-il non sans faire savoir, toutefois, que ces derniers sont déterminés par la loi de l'offre et la demande. Et justement c'est là où réside une inconnue : le comportement du citoyen. « Les consommateurs ne doivent pas se ruer et faire des achats massifs pour ne pas générer un déséquilibre entre l'offre et la demande », recommande M. Boulenouar. Autrement dit, il estime nécessaire de maintenir les mêmes habitudes de consommation d'avant le ramadan. Sur ce terrain justement, le porte-parole de l'UGCAA n'omet pas de souligner que des commerçants sans scrupules, attirés par le gain rapide, profitent de cette occasion pour procéder à des hausses de prix qui n'obéissent à aucune logique économique. Là, l'UGCAA n'écarte pas la possibilité de voir les prix, comme c'est le cas chaque année d'ailleurs, augmenter durant la première semaine du ramadan pour reprendre leur cours normal la semaine d'après. Toutefois, et dans l'objet de sensibiliser les commerçants sur la nécessité de ne pas augmenter les prix, notre interlocuteur a souligné que des instructions fermes ont été données à ces derniers pour ne pas augmenter « leurs marges bénéficiaires ». La hausse redoutée par l'UGCAA pourrait s'expliquer aussi par l'absence des marchés de proximité. Ainsi, pour cette Union, il est plus que jamais urgent « de créer de nouveaux espaces de vente ». Mais en attendant... ÇA BOUILLONNE DEJÀ POUR LES VIANDES ! Rue Tanger, dans la commune d'Alger centre. Le tableau d'affichage des prix n'est pas sans donner de tournis. Jugez-en : le kg de viande bovine est cédé à hauteur de 1.220 dinars alors que l'ovine s'affiche à 1.260 dinars. Un boucher annonce les couleurs indiquant que les prix vont encore augmenter à partir de la semaine prochaine. « Oui, les prix ont augmenté. Ils le seront davantage à compter de la semaine prochaine. C'est le ramadan », annonce-t-il. Intervenant, un consommateur dit ne pas trop comprendre le pourquoi de cette augmentation des prix à l'approche du mois de jeûne. Pour lui, l'Etat doit intervenir pour mettre fin à cette pratique qui a l'air de devenir une tradition. Inutile de compter, semble-t-il, sur la viande congelée. Celle-ci se vend à raison de 600 DA et atteint même la barre des 800 DA au niveau de certains espaces de vente. Ça bouillonne, également, pour les viandes blanches. Le poulet, pour ne citer que ce produit, s'affiche à 420 DA. Le plus chanceux des consommateurs pourrait l'acheter à 360 DA. Ce qui est sûr, confirme l'UGCAA, les prix des viandes ne baisseront pas. Pourquoi ? « Un déficit de l'ordre de 40% de la production nationale », a argué son porte-parole. Côté tutelle, le ministère du Commerce a souligné récemment que les produits de large consommation seront disponibles en quantité importante. Donc, selon le ministère, il n'y aura pas de folie des prix, d'autant que celui-ci a mobilisé les agents de contrôle des prix.