A l'approche du mois de Ramadhan, les ménagères se précipitent vers les marchés dans l'espoir de trouver pour leur cuisine des couleurs nouvelles et des formes originales. Mais si les femmes aujourd'hui accommodent leurs maisons au mois de Ramadhan en un simple tour de shopping, dans le passé elles s'apprêtaient à l'accueillir en fête. Toutes sortes de pâtes et de conserves se préparaient au préalable et à la maison dont « El M'katfa » ou le vermicelle traditionnel qu'on réalisait à la main durant les premières semaines de Chaâbane et qu'on faisait sécher au soleil sur un tamis. Un ingrédient nécessaire sans lequel le repas principal du Ramadhan n'aura pas bon goût. La chorba algéroise ne pouvait se préparer sans ces fines pâtes qui ajoutent à cette soupe la dose de féculents nécessaires à la santé du jeûneur. Aujourd'hui « El Mkatfa » est remplacé par le vermicelle ou le blé concassé appelé « Frik ». Selon les histoires des grand-mères, les mères de famille se réunissaient autour d'une table dans le patio. Des après-midi durant, elles « s'amusaient » à rouler « El M'katfa » tout en récitant des bouqualate autour d'un café parfumé à la fleur d'oranger. « Les jeunes filles ne faisaient qu'observer le travail pour essayer de mettre la main à la pâte plus tard », raconte Zineb qui a grandi et vécu sur les hauteurs d'Alger. Un fil et une aiguille à la main, les petites demoiselles réalisaient des colliers de jasmins qu'on accrochait sur les portes d'entrée, les fenêtres et à l'intérieur des coffres et des armoires. Une manière d'accueillir le mois sacré sur les brises parfumées de l'été.