Dans un document daté de juillet 2010, les services d'immigration américains – rattachés au Department of Homeland Security (DHS – diffusaient une circulaire interne intitulée « Les réseaux sociaux et leur importance pour la détection des fraudes et la sécurité nationale », visant à former les agents à l'utilisation des réseaux sociaux pour la détection des mariages blancs et autres fraudes à l'immigration. Le document déclarait sur un ton laconique : « Les tendances narcissiques de nombreuses personnes les conduisent à accepter des cyber-amis qu'ils ne connaissent même pas [...] fournissant aux agents un moyen idéal de surveiller leur vie quotidienne [...] ce qui revient à faire une « cyber-visite sur site » non annoncée. » Les services d'immigration américains ne sont pas les seuls à souligner cette culture du narcissisme – et à l'exploiter sans ciller. Il s'agit sans doute d'un cliché, qui ne saurait en aucun cas qualifier tous les utilisateurs de Facebook – de loin, le sujet d'étude favori des universitaires – mais la majorité des dizaines d'études scientifiques publiées sur le sujet, notamment dans la prestigieuse revue à comité de lecture Computers and Human Behavior, font état d'une forte corrélation entre les tendances narcissiques et le temps passé devant Facebook, en corrélation inverse avec l'estime de soi et la socialisation « réelle ».