La Syrie reste le théâtre par excellence de la « guerre de procuration » que se livrent par alliés interposés les principaux acteurs de la nouvelle « guerre froide » : le bloc occidental hégémonique, emmené par les Etats-Unis avec le soutien actif de la Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar, contesté par la Russie et la Chine, avec l'appui de l'Iran. Entre les tenants de la ligne interventionniste, préconisant le départ de Bachar El Assad sans rémission, et les défenseurs de la légalité et de la sortie de crise par la négociation, les lignes de fracture traduisent l'impasse dans un pays qui se consume à petit feu et les conséquences désastreuses d'une contagion régionale. Alors qu'Ankara qui prend le relais saoudien se propose ainsi de réunir le prochain sommet de l'OCI (Organisation de la coopération islamique), du 27 au 31 août, pour maintenir l'étau sur le régime de Bachar El Assad, l'Iran se prépare à la grande fête des Non-Alignés dont elle accueille, les 30 et 31 août, le 16e sommet dédié à la sauvegarde de la « ligne de résistance ». Dans ce qui est qualifié de « grand événement diplomatique », rassemblant 36 chefs d'Etat et de gouvernement, une trentaine de ministres et de hauts responsable, Téhéran entend réussir le pari du retour en force sur la scène internationale dont la gestion du dossier syrien n'est pas des moindres. La présence du SG de l'ONU, Ban Ki-moon, ignorant la mise en garde de Washington, conforte la volonté de règlement de la crise miné par les divisions des grandes puissances. Face au blocage international, Ban Ki-moon qui veut « discuter franchement » du conflit syrien adhère à la position russe, selon laquelle l'Iran devait faire partie de la solution. A cet effet, une médiation « acceptable et raisonnable » a été annoncée par le ministre des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi. Elle consiste à promouvoir le dialogue et l'ouverture des négociations entre le gouvernement et l'opposition dont « une grande partie » se dit prête à participer à cette rencontre. En visite à Damas, le responsable de la commission parlementaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère, Alaedine Boroujerdi, qui doit rencontrer le président El Assad, le vice-président Farouk Al Chareh et le ministre des Affaires étrangères, Walid Moualem, se charge de la mise en route de la proposition iranienne qui se revendique de l'indivisibilité de la sécurité des deux pays. A cela, le préalable de Moualem : pas de négociations sans une purge des rebelles.