L'arrivée du nouvel an s'accompagne souvent de bons vieux souvenirs qui étrennent un bonheur en soi une nostalgie d'un passé qui remet les effluves au goût du jour. Il n'est pas sans dire, d'évoquer la toute meilleure note d'une ville qui vient de consommer un millénaire plein de douceur et de prospérité. Dans le vieux souk de la médina, les mille et une variétés d'épices aux effluves paradisiaques remontent aux narines pour vous transporter en terre d'Andalousie. Dans les ruelles très achalandées, il y a comme une mélodie qui nous vient du fonds des âges nous rappeler les Mille et une Nuits. La fidélité est telle qu'aujourd'hui on rend hommage à ces anciens qui nous reviennent en réminiscences. Même que le vénéré Sidi El Haloui, dont le nom tient de maître confiseur, avait laissé trace de son érudition spirituelle et gastronomique importée d'Andalousie. Les gâteaux au miel, le Montecao (Ghribia) chers aux Tlemcéniens, dénotent un profond attachement au passé pour fredonner la triste complainte d'un empire perdu. Aujourd'hui, cette friandise façonnée en forme de montagne inspirée du Djebel Tarek (Gibraltar) fait l'unanimité dans la confiserie algérienne. L'astuce de Sidi Haloui devait dès lors faire école dans l'apprentissage des coutumes andalouses à Tlemcen. La crêpe sarrasine est, elle aussi, présentée à la première loge pour accompagner le menu cérémonial. Un véritable repère historique s'installe à chaque souvenance. Le dernier soupir du maure « Souspiro del Moro » par le prince Abou Abdallâh qui perd la ville de Grenade, ou encore le passage des troupes andalouses du sultan Abderrahamane dans la ville du sud de la France, Ramatuelle, appelé autrefois Rahma'tu Allah à la gloire des vainqueurs de Roncevaux où Roland le neveu de Charlemagne donna du cor pour sonner la défaite des Francs face aux Maures. En signe de réjouissance dans la reprise de ce territoire par les francs, la crêpe sarrasine à été littéralement bannie pour la crêpe suzette. « Dis-moi ce que tu manges je te dirai qui tu es ». Cet adage révélateur vient encore une fois donner raison à Sidi El Haloui.