A la veille de l'anniversaire de la révolte libyenne, le 17 février, la transition libyenne suscite des incertitudes sur le devenir d'un Etat en gestation gravement compromis par le règne des milices et la montée en surface du terrorisme révélé par l'assaut sanglant du consulat américain à Benghazi. Des mesures de sécurité importantes sont ainsi préconisées pour conjurer le péril de la violence qui a plongé la nouvelle Libye dans un état comateux et, à l'exemple de la Lufthansa et d'Alitalia suspendant leurs vols à destination de Tripoli, sujette à un isolement international. L'appel du ministre de l'Intérieur, Achour Chawali, à la restitution des armes encore détenues par les groupes armés, à leur intégration (plus de 27 000 combattants déjà recensés) dans les forces de sécurité et dans l'armée, et l'interdiction prononcée contre le port d'armes en ville, sauf autorisation expresse, visent à créer les conditions d'un retour à la stabilité et de la nécessaire relance économique. Dans cette « étape décisive » de la transition, l'exigence sécuritaire est au cœur de la rencontre de Paris qui aura lieu demain, à la demande des autorités libyennes, en présence des partenaires arabes (Qatar, Emirats arabes unis) et occidentaux, représentés par les ministres des Affaires étrangères britannique, italien, danois, turc et maltais. L'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis ont, aussi, confirmé leur participation ainsi que la Ligue arabe, l'Union du Maghreb arabe, le Conseil de coopération du Golfe, l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine. La réunion ministérielle, présidée par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, et son homologue libyen de la Coopération internationale, Mohamed Abdelaziz, intervient dans un contexte régional très tendu. Même si les perspectives d'un partenariat fort, associant les ministres concernés (Economie, Pétrole, Télécommunications, Santé) aux 80 chefs d'entreprise porteurs de projets, y prédominent, l'atout sécuritaire reste incontournable pour permettre l'émergence d'un Etat jusque-là inexistant et garantir la reprise de la coopération internationale totalement à l'arrêt. La question de la sécurité des frontières est, également, posée. Une nouvelle mission européenne est envisagée pour apporter le soutien nécessaire aux Libyens revendiquant, dès le début du mois de juin, le déploiement d'une équipe de surveillance des frontières maritimes et terrestres. Elle comptera entre 50 et 70 formateurs chargés, notamment de la formation des garde-côtes.