Le climat des affaires en Algérie est mauvais. C'est en substance ce qu'a affirmé, hier, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Chérif Rahmani, lors de l'installation d'un comité dédié à l'amélioration du climat des affaires et de l'environnement économique. L'événement a eu lieu en présence d'un représentant de la Banque mondiale (BM), des organisations patronales, du SG de la centrale syndicale et de plusieurs institutions de l'Etat. Le comité devra remettre son premier rapport en mai. Tout en reconnaissant que les entreprises subissent plusieurs tracasseries freinant le développement de leurs activités, M. Rahmani a estimé qu'il est temps de mettre à plat notre législation, de créer un climat adéquat pour prendre des solutions concrètes. « Il est impératif de rattraper le retard, notamment dans l'industrie, un secteur qui ne participe qu'à hauteur de 5% au Pib », note le ministre qui estime que ce retard est dû « au mauvais climat qui intoxique le développement économique ». « Il faudrait aussi limiter la dépendance de notre économie aux hydrocarbures et à l'importation et ce, à travers la libération des initiatives », soutient-il. Le ministre a appelé les membres du nouveau comité, composé des représentants de plusieurs ministères, des organisations patronales et de l'UGTA, d'établir un programme d'action visant à créer les meilleures conditions de développement de l'entreprenariat et de l'investissement. Objectif : redorer l'image de l'Algérie sur la scène économique internationale. Car en termes de climat des affaires, l'Algérie est classée, selon Doing Business de la Banque mondiale, à la 153e place sur 180 constituant la globalité des échelons. « Chaque année, il y a une nouvelle évaluation faite par un bureau d'avocats. On prendra en compte toutes les mesures qui sont ou qui seront prises par l'Algérie d'ici au prochain classement prévu au mois de juin », indique le représentant de la BM, Laurent Gonnet. Le président du comité, Mohamed Bacha, a fait savoir que ce dernier « a pour mission de coordonner l'ensemble des actions que les pouvoirs publics et les opérateurs engagent, chacun à son niveau, et qui permettront d'améliorer le climat des affaires en Algérie ». Le comité est constitué d'un groupe de réflexion, d'analyse et de proposition à destination du gouvernement. Il est appelé à apporter des changements et modifications aux dispositifs juridiques qui cadrent l'investissement, le fonctionnement des entreprises et de tout ce qui a trait à la création des richesses. « Le rapport devra être prêt au plus tard la première semaine de mai pour qu'il soit pris en compte dans l'évaluation du bureau de la Banque mondiale à Alger, lequel devra le transmettre à la direction centrale vers le mois de juin », indique M. Bacha. SOULAGEMENT DES ORGANISATIONS PATRONALES La création d'un tel comité a été fortement saluée par les organisations patronales. Reda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), a estimé que ce comité vient pour répondre aux préoccupations soulevées par les opérateurs économiques comme les difficultés d'accès au crédit, d'obtention des accords pour l'investissement, de branchement de l'électricité, d'accès au foncier et les lourdeurs administratives. Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem M'rakech, a estimé que ce comité constitue une louable initiative d'autant qu'il vise « le règlement direct des problèmes posés par les entreprises ». LAURENT GONNET : « LE PLUS IMPORTANT EST D'ASSURER LA TRANSPARENCE » La Banque mondiale est prête à accompagner l'Algérie dans cette démarche en proposant « quelques pistes de réflexion » et ce, « dans le cadre d'un partenariat stratégique », a noté Laurent Gonnet, ajoutant que « la Banque mondiale a décidé d'épauler l'Algérie ». Cependant, il fera observer que le plus important, ce n'est pas, seulement, de lancer des réformes, mais d'assurer la transparence et une bonne gouvernance.