Malgré l'aura de son défunt mentor, et l'ombre du Comandante qui a plané tout au long de la campagne électorale, M. Maduro, 50 ans, ne l'a emporté qu'avec 50,66% des suffrages, soit moins de 300.000 voix, face au candidat de l'opposition Henrique Capriles, crédité de 49,07%, le meilleur score jamais réalisé depuis l'ère chaviste, selon un résultat annoncé par le Conseil national électoral (CNE). « Mission accomplie commandante ! » a lancé le vainqueur devant ses partisans au palais présidentiel de Miraflores, qualifiant sa victoire de « juste, légale, constitutionnelle ». Le résultat très serré du scrutin a plongé dans un climat de tension et d'incertitude ce riche pays pétrolier de 29 millions d'habitants, profondément divisé après 14 ans de « révolution socialiste ». Dans le camp adverse, c'est la consternation. D'aucuns misaient sur une victoire presque inéluctable du pourfendeur de Chavez qui a ouvertement contesté l'« impartialité » de l'arbitre électoral, dénonçant des « abus » durant le scrutin. « Nous n'allons pas reconnaître un résultat avant que chaque bulletin de vote des Vénézuéliens ne soit recompté, un par un » a déclaré M. Capriles, devant ses partisans. Des accusations que la présidente du CNE, Tibisay Lucena, a publiquement réfutées, défendant l'impartialité du scrutin, et donc, la victoire de Maduro. Selon elle, la tendance était « irréversible » et portait sur 99 % des voix. Un des membres de l'organisme a néanmoins réclamé la vérification de l'ensemble des bulletins, une demande appuyée par le candidat vainqueur. Au Venezuela, l'électeur vote sur une machine électronique qui lui délivre un bulletin, qu'il doit déposer dans l'urne. Ce sont ces bulletins que l'opposition veut désormais recompter. Le Venezuela n'a pas, ainsi, changé de cap comme le souhaiterait le voisin américain . L'héritage socialiste de l'ancien maître du pays, a été tel que l'opposition anti-chaviste, soutenue, en sous-main, par Washington, s'est avérée, une nouvelle fois, incapable de faire basculer le pays dans l'aire libérale. La victoire de Maduro sonne également comme une énième victoire pour le camp socialiste qui domine la majorité des pays latinos. En réaction à ce succès, la présidente argentine de gauche Cristina Kirchner et son homologue équatorien, Rafael Correa, ont félicité M. Maduro pour sa victoire, suivis par le président bolivien Evo Morales qui a salué « une élection qui respecte les résultats ». Le président russe Vladimir Poutine, dont le défunt Chavez était très proche, se dit convaincu que le Venezuela dirigé par Maduro allait « renforcer son partenariat stratégique avec la Russie ». L'homme fort du Kremlin a souligné que Moscou était prêt de son côté à poursuivre un « dialogue constructif » avec Caracas sur « toutes les questions bilatérales et internationales ».