Objectif : s'enquérir des conditions d'investissement dans la région en prévision du lancement de plusieurs projets. Lors d'une séance de travail consacrée à la présentation des projets, Ahmed Adli, wali de Ghardaïa, a affirmé que « la wilaya attend beaucoup de ces investisseurs afin de booster la dynamique économique ». Il s'est engagé à « donner leur chance à tous les opérateurs et investisseurs nationaux ». Selon lui, la wilaya de Ghardaïa recèle des opportunités importantes dans les domaines de l'agriculture, du tourisme et de l'industrie, où il est question de développer et de faire émerger un marché de la sous-traitance. Saisissant la présence de M. Slimani, de l'Union nationale des entreprises publiques (UNEP) et des représentants de l'UGTA, Ahmed Adli a également encouragé « l'émergence d'un partenariat entre ces grandes entreprises et les promoteurs de l'Ansej et de la Cnac. Quitus pour tous les projets Ahmed Adli estime que « les projets ayant déjà fait l'objet de débat et de discussion entre les responsables de la CIPA et les autorités de la wilaya durant les précédentes séances de travail, peuvent être lancés sans aucune difficulté. « Je considère que ce sont des projets reçus et validés, et je suis prêt à prendre toutes les mesures pour la régularisation de toute les situations », a-t-il dit. « Investissez à Ghardaïa et tournez le dos au nord », a-t-il encore dit aux investisseurs. Voulant inciter davantage ces opérateurs à s'installer dans la Vallée du M'zab, le wali énumère un certain nombre de projets à même de faciliter le déplacement des personnes et des marchandises. « Il y a beaucoup d'avantages en matière d'infrastructures comme le dédoublement de la RN 1, l'extension et le renforcement du transport par voie ferrée, l'inauguration d'un nouvel aéroport à El Menia, en plus de celui de Ghardaïa ville, et l'arrivée de Tassili Airlines », a-t-il indiqué. « La réalisation de la nouvelle ville d'El Menia nécessite un grand investissement dans le BTPH. Cette ville recèle aussi d'énormes capacités pour le développement de l'agriculture des agrumes, du maïs, des céréales et autres fruits et légumes », a précisé le wali. A propos du tourisme, il affirme que les besoins en capacités d'hébergement sont importants dans les villes de Zalfana et de Guerara. M. Henni, secrétaire général du ministère de l'Industrie, de la PME et la Promotion des investissements a réaffirmé « le soutien, l'appui et l'accompagnement du ministère à cette initiative », appelant les opérateurs à « développer le secteur de la sous-traitance et à contribuer à la relance des sites de production à l'arrêt ». 51 projets et 62 milliards de dinars La délégation de la CIPA ne s'est pas déplacée les mains vides. En termes de chiffres, M. Abdelaziz Mehenni, président de la CIPA, a affirmé que la délégation a déjà identifié 51 projets dont 26 à Ghardaïa, 21 à El Menia et 4 à Zalfana. Par secteur, 21 projets sont destinés à l'agriculture, 4 à l'agroalimentaire, 5 au BTPH, 9 au domaine industriel, 9 aux services et 3 au tourisme. Une enveloppe de 62 milliards de dinars est allouée à cette opération qui vise aussi la création de 5.082 postes d'emploi directs. Après cette séance de travail, la délégation de la CIPA s'est scindée en trois groupes pour pouvoir visiter les sites concernés par l'investissement. Une vingtaine d'opérateurs, à leur tête Abdelwahab Ziani, vice-président de la CIPA, et Belkhir Bouzid, directeur de l'agriculture de la wilaya de Ghardaïa, s'est déplacé à El Menia, à 270 km de Ghardaïa où il était question de rencontrer les investisseurs locaux et d'avoir de plus amples informations sur les projets implantés. S'inspirer des expériences locales Mahmoud Hadjaj, un vieil agriculteur de la région, possède une exploitation agricole de 750 ha et prévoit une extension sur 250 ha. Cette grande superficie héberge toutes les activités, dont la palmeraie, l'étable, l'atelier, la chambre froide, le broyeur et la bergerie. Depuis 1989, date du lancement du projet, ce pionnier a réussi à implanter 12.000 palmiers, en plus de milliers d'arbres fruitiers dont la mandarine, la vigne, le pamplemousse, et toutes les variétés d'agrumes. Ceci s'ajoute à la culture de blé et à l'élevage. « Le soleil et la qualité de l'eau sont les deux facteurs de la réussite de mon projet, en plus d'un travail sérieux », a-t-il indiqué aux investisseurs qui l'ont interrogé sur la densité de la ressource hydrique, sa disponibilité, sa source, ainsi que sur la qualité des produits, l'aliment de bétail et autres. Les lenteurs administratives ont bloqué le projet d'extension de cet agriculteur, qui se plaint encore du problème de l'énergie solaire, et de celui du soutien bancaire sachant qu'il a déposé son dossier depuis 2007. Abdelkader Bouâamama, éleveur-agriculteur, continue de développer son activité avec, notamment, la production du maïs ensilé sur place, et l'aménagement des espaces d'élevage et de traite aux normes modernes. « Nous avons un problème de commercialisation car il n'y a pas d'espace pour cela », signale-t-il. « Nous attendons la réalisation de la nouvelle ville où on espère le développement d'un véritable marché », ajoute-t-il. L'autre casse-tête de cet investisseur est le manque flagrant de la main d'œuvre locale. « J'ai été contraint de demander une main d'œuvre dans certaines spécialités de l'élevage du Maroc », nous a-t-il affirmé. Les mêmes préoccupations sont exprimées par Ahmed Benhida, un autre agriculteur d'El Menia, qui affirme que « ses produits sont arrosés à l'eau douce et ne contiennent aucun engrais ». Bouzid Belkhir, directeur de l'agriculture, a affirmé que « la wilaya va déployer tous les moyens pour la réussite de cette opération ». Selon lui, plusieurs démarches ont été déjà entamées dans le cadre « de l'assainissement du fichier des agriculteurs et la régularisation de leur situation administrative ». Selon lui, la wilaya est en phase de préparer la cession en concession de quelque 20.000 ha de terres agricoles. « Si on reçoit les dossiers dans les jours à venir, les opérateurs pourront décrocher toutes les autorisations nécessaires en septembre prochain, et ce, dans le cadre du traitement prioritaire » a-t-il affirmé. A Zalfana, les opérateurs ont eu des discussions avec les investisseurs locaux en prévision de la réalisation d'hôtels et de stations thermales. Le besoin en matière d'hébergement est estimé à 20.000 lits dans cette wilaya. A Oued Nechou, la délégation a visé la plateforme destinée à abriter la nouvelle zone industrielle. Les opérateurs motivés, mais... « Nous représentons 2.200 éleveurs des régions de M'sila, Bordj Bou-Arréridj et Sétif , nous avons un grand besoin en matière d'ensilage et de concentré d'aliment de bétail de bonne qualité. Nous sommes très intéressés pour venir nous installer à Ghardaïa et produire nous-même cet aliment destiné aux vaches laitières », affirme Smail Delmi, directeur général de Hodna lait. Cet opérateur, à l'origine agriculteur, qui a réussi à se faire une grande réputation grâce à ses produits de qualité, a toujours de l'ambition. « Je suis intéressé par l'ensilage, je reviens pour discuter avec vous des conditions de stockage, de transport et des prix de ce produit », dira-t-il aux opérateurs locaux. Pour Amar Aberkane, agriculteur, « du moment qu'il y a des personnes qui réussissent avec des moyens modestes, il n'y a pas de raison pour qu'il n'en soit pas de même pour d'autres ». Selon lui, la réussite de l'implantation des investisseurs dans la région dépend de « l'accompagnement bancaire et de la disponibilité de la main d'œuvre qualifiée ». Pour l'agriculture, « il faut mettre en place une mécanisation à outrance, et une bonne politique de l'investissement agraire qui permette de régler les problèmes des investisseurs et non les bloquer », a-t-il rappelé. Chérif Aberkane, P-DG de Remelec (produits électriques) estime que la balle est dans le camp des pouvoirs publics qui détiennent la clef de la réussite de cette caravane. « Nous nous sommes déplacés et présentés des projets prêts à être concrétisés. C'est maintenant aux pouvoirs publics de prouver leur volonté de booster l'investissement dans le sud et de créer de l'emploi pour les jeunes », estime-t-il. Selon lui, cet accompagnement doit porter sur « la facilitation de l'accès au foncier et au financement ». Le groupe Remelec compte implanter une unité de fabrication de transformateurs électriques et de groupes électrogènes sur une superficie de 10 ha, développer un projet agricole et un autre de santé publique. Dans le même sillage, Abdelwahab Ziani, vice-président de la CIPA demande l'application d'un régime dérogatoire de 20 ans pour le foncier. Il plaide aussi pour la libération de l'initiative pour pouvoir lancer des projets de réalisation de centrales à béton et le renforcement du réseau des transports.