La chasse au terrorisme est enclenchée pour contrecarrer le « sanctuaire libyen » révélé par la double attaque d'Agadez et Arlit. Cette réalité, devenue tangible, est sérieusement appréhendée par les autorités libyennes qui ont décidé de passer à l'action. Une série de mesures ont été annoncées, ce dimanche, pour renforcer la sécurité dans le Sud et aux frontières, infestés par les groupes terroristes délogés du Nord du Mali et tentés par le redéploiement dans le no man's land de cette région qui, selon certains, est en voie de « somalisation », voire vouée à la « soudanisation », comme l'atteste la montée au créneau des mouvements autonomistes de la Cyrénaïque proclamant le fédéralisme « à compter du 2 juin », dixit le chef du conseil, Ahmed Zoubaïr El Senoussi, le cousin du roi destitué par le défunt El Kadhafi. Face au règne des milices incontrôlables et la montée en cadence des groupes terroristes ciblant les représentations diplomatiques occidentales (Etats-Unis, France) et perçu comme une source d'instabilité régionale, l'Etat libyen réagit. Lors de son point de presse, le Premier ministre libyen s'est voulu rassurant. Il a promis une affectation de primes aux « thowars » et aux soldats, allant jusqu'à 1.200 dollars, désireux de travailler dans cette région désertique. Des réévaluations de salaire sont également prévues pour les soldats et policiers. A l'effet de contribuer à la stabilisation de cette zone névralgique, s'étendant sur plus de 4.000 km, la mission de l'Union européenne, envisagée du reste du temps de l'ancien régime, est ainsi attendue « dans les prochains jours » pour tenter de contenir la menace terroriste du Sud libyen qui inquiète au plus haut point les voisins, notamment le Tchad et le Niger. L'alarme a été tirée par le président nigérien, Mahamadou Issoufou, pleinement convaincu de la délocalisation de la menace du Mali en ébullition vers la frontière libyenne reconnue poreuse. La confirmation nigérienne a trouvé écho à Paris jugeant désormais nécessaire « un effort particulier vers le sud libyen » où l'hypothèse d'« un certain nombre de menées de groupes terroristes » est envisageable, selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. La France ; qui se déclare « disponible » pour aider la Libye à contrôler ses frontières, a exprimé sa volonté de « coopération », réaffirmée par le président Hollande dans une interview accordée à France 24, RFI et TV5 Monde, pour mettre « hors d'état de nuire les groupes terroristes ». La cause est entendue. Dans la nouvelle Libye des espérances démocratiques parties en fumée, voulue « libre et unie » par les parrains de l'intervention militaire, le péril terroriste est là et bien là. A la question lancinante des journalistes portant sur la présence « des groupes terroristes installés au sud de la Libye », le « oui » sans équivoque du président français confirme également leur participation à l'attentat à la voiture piégée commis contre l'ambassade de France, à la fin du mois d'avril passé. Le scénario de l'intervention à la française, rééditant le cas malien est solennellement écarté. Mais, la menace se fait persistante. Elle est là au cœur du sanctuaire sahélien.