Deux ans après la chute du régime Mouammar El Kadhafi, l'Otan se déclare prête à contribuer au renforcement de la sécurité, à la demande des autorités libyennes. Le feu vert a été donné par les ministres de la Défense des 28, réunis à Bruxelles. « Les alliés ont décidé d'envoyer une mission d'experts pour examiner cette requête (...) et identifier les domaines dans lesquels nous pouvons apporter notre expertise », a annoncé le secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, excluant, toutefois, le déploiement des troupes au sol. Si la décision définitive de l'Otan est attendue d'ici la fin juin, sur la base des recommandations, le retour aux affaires de l'Otan, envisagé depuis la fin des opérations militaires, est notamment dicté par la dégradation de la situation sécuritaire et, surtout, la délocalisation du sanctuaire des groupes terroristes délogés du nord du Mali et prenant pied dans le no man's land du sud libyen. La dérive se manifeste par l'absence de l'autorité de l'Etat, menacé par les vélleités autonomistes, le règne absolu des milices défiant les institutions de transition, aussi légitimes soient-elles, et la montée en surface des tenants de l'islamisme radical sorti de l'ombre pour procéder à la liquidation physique (cas du général Abdelfattah Younes) et lancer des attaques meurtrières contre les alliés euro-atlantiques d'hier. Ils sont donc légion en Syrie où la filière libyenne est prédominante, selon un rapport réalisé par le groupe de réflexion Flashpoint Partners et co-signé par l'expert en terrorisme Evan Kohlmann. L'étude, portant sur 280 volontaires étrangers combattant aux côtés de la rébellion et tués en Syrie, entre juillet 2012 et mai 2013, montre que le plus important contingent venait de Libye, suivi de ressortissants saoudiens, tunisiens, jordaniens, égyptiens et jordaniens. Le cas libyen, devenu une source d'instabilité pour les pays de la région (Niger, Tchad), inquiète. La mobilisation occidentale est à son comble pour conjurer le péril terroriste montant. La France, qui a affirmé sa « disponibilité », et l'appel d'Obama au « rôle plus important » de l'Otan, expriment clairement la volonté de combattre le « sanctuaire terroriste » sahélien. La bataille pour le contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes, nécessitant l'encadrement et la formation des forces libyennes, fait consensus. « C'est un sujet que le président (Barack Obama) et le Secrétaire général (de l'Otan) ont évoqué en long et en large, à savoir que l'Alliance atlantique pourrait jouer un rôle plus important dans la formation des forces de sécurité libyennes », a indiqué un haut responsable américain à bord de l'avion emmenant le chef du Pentagone, Chuck Hagel, à Bruxelles.