La réforme de l'actuelle Constitution a été instaurée après la réélection controversée du président Mwai Kibaki fin 2007. Quelques 12,6 millions de Kényans sont appelés, demain, à adopter par référendum une nouvelle Constitution. Au terme d'une campagne électorale pour le moins tendue, marquée notamment par un attentat, en juin, lors d'un rassemblement des partisans du « non » dans un parc de Nairobi, les Kényans devront franchir par ce référendum une nouvelle étape dans l'histoire de leur pays, ravagé par les crises politiques et les conflits internes. La réforme de l'actuelle Constitution a été instaurée après la réélection controversée du président Mwai Kibaki fin 2007. Les affrontements entre les partisans de Kibaki et l'opposition menée par Raila Odinga, candidat malheureux à cette élection présidentielle, ont fait plus de 1.500 morts. La nouvelle Constitution qui doit régir les Kényans supprimera le poste de Premier ministre, créé par l'accord de partage du pouvoir signé en février 2008 entre MM. Kibaki et Odinga. Elle conserve un régime présidentiel, régi par d'importants garde-fous, notamment un contrôle accru de l'Assemblée nationale sur les nominations décidées par le Président. Le nouveau texte stipule aussi la création d'une Chambre haute du Parlement, d'un Sénat et amorce une forme de décentralisation, une partie du budget de l'Etat étant dévolue à un nouvel échelon administratif, le comté. Mais, le plus important dans ce nouveau texte est une réforme foncière cruciale, prévoyant à terme un examen approfondi des modalités d'acquisition de terres. Le foncier au Kenya appartenait auparavant au secteur public, permettant l'accaparation de certaines terres par de hauts responsables. Ces nouveaux changements ouvriront la voie à une limitation de la taille maximum d'une propriété privée. Les femmes aussi figurent en bonne place dans la nouvelle Constitution, qui leur accorde des droits égaux sur la terre, notamment lors d'un héritage. Seul hic dans le « Nouveau Kenya », les « rouges » (les partisans d'Odinga), guidés par les églises traditionnelles et évangélistes, s'opposent à deux points spécifiques du projet : le maintien des kadhis (tribunaux islamiques chargés de régler des différends familiaux entre musulmans consentants). Ce qui revient, selon eux, à octroyer des droits spécifiques à une religion. Cependant, l'adoption de cette Constitution est considérée comme une victoire pour le président Kibaki, lui qui avait subi un échec en 2005 lors d'un premier référendum constitutionnel rejeté à 57% et censé mettre fin au régime présidentiel incarné M. Arap Moi pendant 24 ans.