Des hommages posthumes qui ont été un franc succès populaire puisque les salles où se tenaient ces hommages ont carrément fait le plein. Alors que les jeunes plasticiens de l'atelier dessin et peinture de la maison de la culture et de l'école des Beaux-Arts ont donné libre cours à leur inspiration et surtout à leurs pinceaux avec ces fresques dédiées à la révolution au niveau de la nouvelle place dédiée à la culture et à l'histoire à la sortie ouest de la ville de Tizi-Ouzou. Pour le directeur de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, M. Ould Ali El Hadi, rendre un tel hommage à des hommes et des femmes de la culture algérienne est « un devoir, non seulement de mémoire mais aussi pour assurer la pérennité des œuvres de ces monuments qui ont offert à la culture algérienne l'étendue de sa dimension actuelle ». Et d'ajouter à ce propos : « Cette journée est aussi un simple et modeste retour d'ascenseur que nous puissions rendre à ces hommes et ces femmes qui ont marqué de leur empreinte indélébile le paysage culturel algérien et donné le meilleur d'eux-mêmes pour son rayonnement et surtout pour avoir été aussi les messagers de la lutte armée nationale. » Ainsi, la Direction de la culture qui a mobilisé tous ses effectifs et ceux de ses démembrements, à savoir le théâtre régional Kateb-Yacine, la cinémathèque et la maison de la culture pour la réussite de cet événement qu'est la journée nationale de l'artiste. Le premier hommage a été rendu à cette icône du théâtre et du cinéma algérien, Keltoum, de son vrai nom Aïcha Adjouri en présence de ses compagnons de scène comme les frères Mohamed et Saïd Hilmi, Ouahiba Zekal, Fatiha Berbere, Najet Taibouni, Taha Laamiri pour ne citer que ceux-là. Et pas seulement puisque des membres de la famille de la défunte artiste ont rehaussé de leur présence le théâtre régional Kateb-Yacine. Intervenant lors de cet hommage à Keltoum, Mohamed Hilmi apprendra à l'assistance que Keltoum a fait son baptême du feu sur les planches de Kabylie dans l'ancienne salle des fêtes de Tizi-Ouzou « Djurdjura » qui est aujourd'hui en ruine et en attente de rénovation. « C'est de Tizi-Ouzou que Keltoum a pris son envol vers une destinée artistique hors du commun », dira-t-il avant d'enchaîner : « J'ai connu à ses côtés le bonheur des planches de l'Opéra d'Alger à l'époque. Elle fut une vedette complète tant ni la radio, ni le théâtre, ni le cinéma n'avaient de secret pour elle ». Le même hommage lui a été aussi rendu par Ouahiba Zekal : « Elle fut la première femme à monter sur scène, c'est elle qui nous a ouvert la voie ». Saïd Hilmi, lui, confie : « Malgré des débuts difficiles, elle est allée au bout de ses rêves. » Tandis que Fatiha Berbere, reconnaissante, déclare : « C'est elle qui a ouvert la voie à toutes les femmes qui ont embrassé une carrière d'artiste. » Enfin, pour clôturer cet hommage à Keltoum, le public a été convié à une pièce de Omar Fetmouche intitulée « tamettuth-ni » (cette femme-là) du théâtre régional de Béjaïa. Comme il y a eu aussi une exposition autour du parcours de l'artiste Keltoum, puis une lecture théâtrale de la pièce La terre et le sang » en tamazight, ainsi qu'une projection de diaporamas sur le parcours artistique de cette artiste. Le second hommage est rendu à Abderrahmane Bouguermouh. Il s'est déroulé à la cinémathèque de Tizi-Ouzou avec la projection de films du défunt cinéaste « La Colline oubliée », « Kahla wa Beidha », et aussi une conférence-débat autour de la vie et l'œuvre de Bouguermouh animée par le cinéaste Ali Mouzaoui et ce, en présence de la femme du défunt qui a été honorée par la Direction de la culture de Tizi-Ouzou. Il en a été de même pour certains acteurs du film « La Colline oubliée » comme Slimane Belharat, Slimane Hamel et Mme Tadjer. Enfin, il est à noter qu'en marge de cet hommage, il a été projeté le film de Senouci « La Langue de Zahra » de Fatima Sissani. La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou a, elle, vécu un vibrant hommage rendu à Cherif Kheddam. Cette pensée évocation a été entamée par un recueillement et un dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe du défunt maître de la chanson algérienne à Aït Boumessaoud, commune d'Imsouhal, suivi d'une conférence-débat animée par le parent de l'artiste, Kheddam Mohand Oubelkacem alors que Abdesslam Abdenour s'est penché sur la vie et l'œuvre de Cherif Kheddam. Le tout ponctué par un spectacle et témoignages en hommage à Cherif Kheddam, avec la participation de grandes figures de la chanson algérienne qui ont eu à travailler et à côtoyer le chanteur, le compositeur. Il y avait la diva Nouara, l'inusable Ldjida. Toutes deux ont notamment déclaré : « Chérif Kheddam était à la fois un père et un frère. Il a toujours été aux côtés des artistes ». Il y avait aussi le jeune Kamel Ouamar qui a reconnu : « C'est grâce à Cherif Kheddam que j'ai eu cette envie de chanter et de me lancer dans ce monde artistique. Pour sa part, Brahim Tayeb a également tenu à rendre son propre hommage, particulier à Cherif Kheddam en composant et en déclamant un poème en l'honneur de l'icône de la chanson algérienne avant de le chanter. Ils ont tous chanté une chanson de Chérif Kheddam et une autre de leur propre répertoire à l'exception de la jeune Nouria qui a merveilleusement exécuté une des plus belles œuvres de Cherif Kheddam d'une voix de soprano. Ainsi donc, fidèle à ses engagements envers les artistes et la culture, la Direction de la culture de Tizi-Ouzou a une nouvelle fois fait de la journée de l'artiste un événement hors du commun. Et ce, bien évidemment en attendant, comme l'espèrent tous les artistes, la publication de leur statut particulier, comme ont tenu à le souligner tous les artistes qui ont pris part à ce triple hommage.